Le SCANDALE du mal

Pourquoi le MAL si Dieu est bon et tout-puissant ?

Cette question, ou plutôt ce scandale, s’impose au christianisme, seule religion qui prétend que Dieu est Amour. Face au Mal, nous, chrétiens, sommes acculés à ce dilemme (aporie) :

 

  • Soit Dieu n’est ni bon ni amour, car il reste indifférent au mal.
  • Soit Dieu n’est pas tout-puissant, car il ne supprime pas le mal.
  • Soit Dieu n’existe pas, tout simplement.

La question du MAL s’impose au chrétien qui professe un Dieu BON et TOUT-PUISSANT. Et elle est assurément une des principales causes de l’incroyance aujourd’hui. On doit alors comprendre la révolte de tant de personnes déchirées et scandalisées par le mal, qui en viennent à rejeter Dieu.

Mais ceci ne supprime pas pour autant ni les grandeurs ni les beautés de la création, ni non plus les trésors d’amour et de grâce en ce monde, qui témoignent que le mal n’a pas le dernier mot. Ce qui nous pousse à nous interroger sur le ‘mystère’ du mal, et sur la réponse et même la victoire de Dieu.

 

Les religions, les philosophies ou les cultures, ont chacune leur vision ou leur réponse au mal. Que ce soit dans le manichéisme et le catharisme (affrontement entre le dieu du mal et celui du bien), le stoïcisme et le bouddhisme (s’abstraire de la souffrance), l’hindouisme et le moralisme (souffrance ou karma = rétribution de nos fautes antérieures) ; et enfin l’athéisme et l’anarchisme (révolte et rejet du surnaturel).

L’islam répond à sa façon en affirmant qu’Allah est au-dessus de tout (y compris de la contradiction), qu’il est omniscient (Lui seul connaît), et qu’il est créateur de tout, y compris du mal, lequel sert à éprouver les croyants (ce qu’un professeur fait quand il contrôle ses élèves).

Dans les temps anciens, le malheur était le plus souvent considéré comme le châtiment d’une faute (même ignorée, tel le Karma dans l’hindouisme). Mais la Bible met en scène le malheur de l’innocent dans le livre de Job sous forme de procès contre Dieu. (La révolte de Job est très moderne !) Elle rompt ainsi avec la logique de la rétribution (Si on souffre, c’est qu’on a péché), et confronte Dieu sur la tragédie et l’injustice du mal chez l’innocent. On ne dira donc pas que la Bible ignore ou enterre la question du mal ; elle la pose au contraire comme un authentique scandale en se refusant toute réponse facile et préfabriquée.

Voir la profonde sagesse de Job, très moderne elle aussi : « Je veux plaider ma cause contre Dieu… Quant à vous, vous étalez des mensonges ! Qui donc vous apprendra le silence, la seule sagesse qui vous convient ! » (Jb 13,1-16). Et : « Écoutez-moi, écoutez-moi, c’est ainsi que vous me consolerez. » ((Jb 21,2) 

Dans les évangiles, le Christ annonce la mystérieuse revanche de Dieu sur le mal. Devant un aveugle de naissance, ses apôtres lui demandent : « Qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? » (Jn 9). Remarquons comment les disciples eux-mêmes restaient prisonniers de l’antique logique de rétribution d’une faute antérieure. Or Jésus répond : « Ni lui ni ses parents, mais c’est afin que soient manifestées en lui les œuvres de Dieu » (Jn 9,2-3). Mystérieuse réponse qui nous oblige à dépasser nos jugements humains en vue d’une œuvre divine au-delà de notre logique.

Il serait indécent pour le chrétien de vouloir justifier Dieu et le mal par des raisons aussi faciles que fausses :

— « Ce n’est pas la faute de Dieu, mais des hommes. » — OK en partie, car les responsabilités humaines sont nombreuses. Mais qu’en est-il des masses de victimes et d’innocents ? Et des catastrophes naturelles ou autres malheurs imprévisibles ?

— « S’il n’y avait pas le mal, le bien n’existerait pas. » — FAUX ! Car le bien peut parfaitement exister sans le mal. En Dieu et au Ciel en tout cas, mais aussi parmi nous ! La lumière n’a pas besoin de l’ombre pour exister.

— « C’est normal, le monde n’est pas fini. » — Admettons. Mais quel gâchis, et combien d’innocents ! Que fait la police Dieu !?

— « Supportons ! Le mal disparaîtra dans le monde futur. » — Lamentable laxisme ou fatalisme genre Religion opium du peuple. Et inadmissible démission pour un vrai chrétien qui doit se battre contre le mal. Et de toute façon, comment accepter un Dieu qui nous demande de supporter l’insupportable !?

 

Pour le chrétien, la réponse définitive au scandale du Mal ne se trouve que dans la Révélation et les saintes Écritures. Donc dans le Christ. Cette question du Mal est d’ailleurs au cœur de la Révélation biblique et chrétienne : Pourquoi l’Éternel nous a créés ? D’où viennent la souffrance et la mort ? Et comment Dieu y répond-il ?

 

En bref

>> Dès l’Ancienne Alliance, la Révélation pose le drame et même le scandale du mal. Les Écritures ne cessent de retentir des plaintes de l’homme souffrant et désemparé, et des cris de l’innocent dans son malheur. Le livre de Job y est tout entier consacré. Ainsi que beaucoup de psaumes.

>> En aucune manière, Dieu n’est la cause du mal, ni directement, ni indirectement. « Si Dieu est tout-puissant et providence, pourquoi alors le mal existe-t-il ? Seul l’ensemble de la foi chrétienne peut donner réponse à cette question, à la fois douloureuse et mystérieuse. En aucune manière, Dieu n’est la cause du mal, ni directement, ni indirectement. Il éclaire le mystère du mal par son Fils Jésus Christ, mort et ressuscité pour vaincre le grand mal moral qu’est le péché des hommes, racine des autres maux. » (Compendium Cat Égl Cath n° 56 Cf. Cat Égl Cath 309)

>> Pourquoi Dieu permet-il le mal ?

Voilà donc la question !

 

« Le Dieu Tout-puissant (…), puisqu’il est souverainement bon, ne laisserait jamais un mal quelconque exister dans ses œuvres s’il n’était assez puissant et bon pour faire sortir le bien du mal lui-même. » (S. Augustin, enchir. 11,3).

« Ainsi, avec le temps, on peut découvrir que Dieu, dans sa providence toute-puissante, peut tirer un bien des conséquences d’un mal, même moral, causé par ses créatures :  » Ce n’est pas vous, dit Joseph à ses frères, qui m’avez envoyé ici, c’est Dieu ; (…) le mal que vous aviez dessein de me faire, le dessein de Dieu l’a tourné en bien afin de (…) sauver la vie d’un peuple nombreux  » (Gen 45,8 ; 50,20 ; Tob 2,12-18) (Cat Égl Cath 312)

>> Dans cette question du Mal, nous devrons aussi clarifier ces deux ‘trous noirs’ que sont le DIABLE et l’ENFER. Sont-ils seulement symboliques, voire des chimères destinées à terroriser les croyants naïfs ? (Dieu a-t-il créé le DIABLE et l’ENFER ?) — Reste encore la question du SALUT des incroyants. 

>> Jamais la question du mal ne pourra être rationalisée ou expliquée. Devant la souffrance, le silence et la compassion s’imposent avant tout. « Je veux plaider ma cause contre Dieu… Quant à vous, vous étalez des mensonges ! Qui donc vous apprendra le silence, la seule sagesse qui vous convient ! » (Job 13,1-16).

>> Cependant, la Révélation chrétienne est Lumière qui éclaire les ténèbres. Nous n’avons pas le droit de la taire. « Malheur à moi si je n’annonce pas l’Évangile » (I Cor 9,16).

« Pourquoi Dieu permet-il le mal ? La foi nous donne la certitude que Dieu ne permettrait pas le mal s’il ne faisait pas sortir le bien du mal lui-même. Cela, Dieu l’a déjà merveilleusement accompli dans la mort et la résurrection du Christ. En effet, du mal moral le plus grand, la mort de son Fils, il a tiré les plus grands biens, la glorification du Christ et notre rédemption. » (Cat Égl Cath n° 58) 

Suite dans l’article suivant : La victoire de Dieu

 

 

 

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