L’Église a-t-elle INTERDIT de lire la Bible ?

« L’Église catholique a interdit de lire la Bible », répète-t-on dans les milieux protestants ou évangéliques. Ceux-ci accusent l’Église catholique de vouloir occulter la vérité biblique à ses fidèles pour leur inculquer sa doctrine et ses dogmes en contradiction avec la Bible.

Mais est-ce vrai ? 

Nous recommandons ici Le mythe d’une Église catholique opposée à la lecture de la Bible ; voir encore ici et ici

RÉPONSES

1. Oui, des interdits furent promulgués. Et même des bibles brûlées. Mais pourquoi et dans quel contexte ?

Les raisons sont multiples. Selon les époques et les circonstances, ce qui était condamné, c’était des traductions ou des éditions erronées des Écritures. Dont celle de Luther, qui modifia la liste du canon des Écritures (écartant l’épitre de Jacques + Hébreux et Apocalypse) ainsi que la traduction de certains textes (dont le fameux passage de Rom 3,28 modifié en vue d’imposer sa doctrine du Sola fidela foi seule). (source)

L’Église s’opposait aussi aux diffusions de la Bible livrée à toutes les interprétations possibles. « L’histoire nous montre que des interprétations littérales de la Bible ont pu conduire à des catastrophes lors de périodes où régnaient des instrumentalisations apocalyptiques des Écritures en fonction des événements (anarchie, meurtres, pillages, etc. Cf. la révolte de Thomas Münzer, et autres). » (source)

Ces interdictions furent peut-être excessives. Mais elles sont à replacer dans leur contexte et les tensions de l’époque. Elles n’auraient plus de raisons d’être aujourd’hui grâce aux études bibliques et exégétiques partout accessibles ; grâce aussi au climat plus rationnel et ouvert au dialogue fraternel entre nos églises.

Néanmoins le fondamentalisme et les interprétations littérales et aberrantes de la Bible pullulent encore aujourd’hui. Dans les sectes comme dans une certaine mouvance évangélique et ses pasteurs auto-proclamés.

2. NON, l’Église ne s’est pas opposée à la Bible

Nombreux sont les textes de l’Église qui encouragent la lecture de la Bible bien avant la Réforme protestante, sans parler des théologiens qui s’y réfèrent constamment depuis les origines. (Voir ici et autres liens proposés)

Les Saintes Écritures furent toujours considérées comme normatives dans l’Église catholique, même si elles ne furent pas accessibles à tous. En 1455, bien avant le protestantisme (bible de Luther = 1522), Gutenberg, catholique, fut l’inventeur de l’imprimerie et publia les premières bibles imprimées avec les encouragements de l’Église. De 1466 à 1522, les catholiques avaient déjà publié 14 traductions de la Bible ! (source)

3. Le « Sola Scriptura » de Luther  et  la  Bible-pour-tous

Conséquences : une myriade d’églises impossibles à recenser tant elles sont nombreuses — si encore elles sont chrétiennes !

D’où la question : Pourquoi « la Bible seule » (le Sola Scriptura) produit autant d’églises différentes et de divisions ?

Cela dépend évidemment de son interprétation et de la subjectivité du lecteur. (Mais il y avait aussi des manipulations politiques.) Cette interprétation peut aller jusqu’à nier la divinité du Christ Sauveur, le cœur même de la foi chrétienne (ce que fit l’hérésie arienne au 4e s.). Donc aussi jusqu’à nier la Trinité. Oui, même de prétendus champions de la Bible nient la divinité du Christ ou la Trinité — et donc ne sont plus chrétiens (tels les Témoins de Jéhovah, ou encore ici ou ici.). Alors que quantité de passages bibliques affirment cette divinité, fondant ainsi la foi en la Trinité. (Voir notre article Vraiment Dieu ? et celui sur la Trinité)

Outre les cas d’hérésie notoire, on doit relever bien des divergences de pratiques ou de doctrines entre les églises issues de la Réforme et chez les évangéliques. Toutes dues à des divergences d’interprétation biblique. Entre autres sur le créationnisme, la théologie de la grâce, le baptême, la vie de l’âme après la mort, le sabbat, la fête de Noël, l’interdiction de certains aliments, et bien d’autres questions selon les communautés chrétiennes.

4. La sagesse de l’Église catholique

L’Église catholique s’appuie sagement sur la Parole de Dieu et de l’apôtre Pierre (premier pape). (Voir La TRADITION catholique : humaine et faillible ?) :

« Aucune prophétie de l’Ecriture n’est une affaire d’interprétation personnelle. » (2 Pi 1,20)

« Dans toutes les lettres où il (Paul) aborde ces sujets, il s’y rencontre des passages difficiles à comprendre, et que des personnes ignorantes et mal affermies détournent, comme elles font des autres Écritures, pour leur perdition » (2 Pi 3,16)

— Voir encore la rencontre de l’apôtre Philippe avec   l’Éthiopien qui  lit le livre d’Isaïe : « Comprends-tu ce que tu lis ? – Mais comment le pourrais-je si personne ne me guide ? » (Act 8,26)

Pour l’Église catholique, la BIBLE n’est donc pas l’unique source de la Révélation. Elle n’est pas tombée du ciel. Elle fut écrite, diffusée et interprétée dans l’église primitive et sa Tradition apostolique. (voir La Bible DANS l’Église

« L’Église est pilier et soutien de la vérité. » (1 Tim 3,15)

La tradition catholique repose sur 2000 ans de lecture de la Bible, de partage, d’études, de débats (et de crises)… avec des théologiens qui la connaissaient par cœur (bien plus que nous !) et qui étaient loin d’être idiots. Et avec les saints inspirés de Dieu, dont beaucoup furent de vrais réformateurs de l’Église dans la puissance du saint Esprit. (Par exemple St François d’Assise et Ste Catherine de Sienne…)

Ceux qui aujourd’hui font fi de cette Tradition et prétendent nous apprendre la vraie Bible (selon eux) sont vite rattrapés par les limites de leur intelligence et de leurs interprétations. Car hors de l’Église, la Bible fait l’objet des interprétations les plus loufoques, voire contradictoires. L’histoire chrétienne et contemporaine regorge de ces errances.

Remarquez qu’une formation biblique et théologique est requise dans la plupart des églises protestantes. Ces églises reconnaissent donc qu’on ne peut comprendre et enseigner la Bible en dehors de l’église ! Quand apparaît une nouvelle église ou chapelle indépendante, avec un pasteur-prophète auto-proclamé qui sort de nulle part, là on doit craindre le pire !

L’Esprit Saint n’est jamais un esprit de division (= ‘diable’ = diviseur) mais bien de communion. Il ne veut pas la division des églises. Il ne travaille qu’en vue de l’unité des vrais disciples du Christ (« Que tous soient un » Jn 17). Il nous appelle donc à nous rapprocher les uns des autres dans le dialogue et la communion des esprits, et dans la même vérité, qui est celle de la Bible lue dans la sagesse de l’Église. (Voir encore ici)

D’où cette équation s’imposant au dialogue œcuménique : « L‘Écriture authentifie la foi de l’Église, mais l’Église authentifie l’Écriture. » (p. A. Bandelier, Famille chrétienne n° 1244, nov. 2001) 

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