L'Église contre la Bible

Jésus Christ est l’unique MÉDIATEUR entre Dieu et les hommes : « Il y a un seul médiateur entre Dieu et les hommes : Jésus-Christ » (1 Tim 2,5). Dès lors, pour les Réformés, aucune AUTRE ‘médiation’ ou intercession n’est possible.

Prier les SAINTS du Ciel — hommes et anges — semble alors contraire à la Bible. Le catholicisme est ainsi accusé d’hérésie, voire d’idolâtrie et de spiritisme. (Sans compter les églises orthodoxes.)

­­­­­­­­­­­Voir ici le Catéchisme de l’Église catholique    N° 955 / 956 / 957

Pour tout chrétien, Jésus Christ est l’UNIQUE MÉDIATEUR entre Dieu et les hommes : Lui seul est le PONT (‘pontife’) qui unit en lui la divinité et l’humanité, à la fois Dieu et Homme, et qui franchit l’abîme infini entre le Créateur et ses créatures.

Mais peut-on, au nom de ce dogme biblique, rejeter toute collaboration entre Dieu et les hommes – ou les anges – dans l’œuvre du Salut ? La Bible nous prouve plutôt le contraire.

Les Écritures font état de multiples intercesseurs. « Il a fait de nous une royauté de PRÊTRES » (Apoc 1,6 ; 5,10 ; 20,6). Or, le prêtre est par essence un intercesseur ou ‘intermédiaire’. Et si nos frères du ciel restent bien ‘prêtres’ en Christ, pourquoi ne seraient-ils pas encore intercesseurs pour nous ??

L’intercession fraternelle apparaît déjà clairement dans l’Ancienne Alliance, notamment avec l’intercession d’Abraham en faveur des justes de Sodome (Gen 18) ou de Moïse pour son peuple idolâtre (Exode 32). Manifestement, Dieu veut associer ses enfants et leur intercession dans le don de sa miséricorde. S’il en va ainsi en ce monde, à combien plus forte raison au Ciel, où les saints sont auprès de Dieu !?

De même avec les anges, tel l’ange qui offre les prières des saints (Apoc 8,3-4) ; ou l’intercession de l’ange Raphaël qui présentait les supplications de Tobie et Sara (L. de Tobie 12,12). De même, Jésus déclare que les « petits » sont sous la protection de « leurs anges dans le ciel » (Mt 18,10).

Le rejet de toute intercession des saints dans la tradition protestante omet un point majeur de la Bible et de la foi chrétienne : que les saints forment le corps du Christ, ses membres (Rom 12,4-5). Et que, dans le Christ, les élus sont appelés à faire les mêmes œuvres que Lui. « Celui qui croit en moi fera les mêmes œuvres que moi ; et il en fera même de plus grandes » (Jn 14,12).

Il devient parfaitement logique que, dans le Christ, les saints du Ciel sont aussi intercesseurs pour leurs frères de la terre.

La grande Tradition chrétienne (catholique et orthodoxe) a toujours compris que l’unique Médiateur Jésus Christ INCLUT en Lui la participation de ses bien-aimés au Ciel (leur intercession).

Pour la tradition protestante et son « Solus Christus » (le Christ seul), l’unique Médiateur EXCLUT au contraire cette participation et l’intercession des saints (si encore ils sont au Ciel !). (Voir à ce sujet cette analyse.)

La ‘COMMUNION DES SAINTS’ dont il est question dans les 2 Credos ne se réduit pas à la simple communion fraternelle des chrétiens en ce monde. Elle concerne la communion des saints du CIEL ET DE LA TERRE (Cat. Égl. Cath. n° 954-957). Les antiques traditions chrétiennes l’attestent déjà avec le culte des martyrs dans les premiers siècles.

Dès les premiers siècles, les chrétiens sont venus prier et célébrer l’Eucharistie sur les tombes des martyrs. Il ne s’agissait pas de prier pour eux, puisque leur martyre attestait leur salut. Au contraire, en allant sur leur tombe, les chrétiens manifestaient qu’ils comptaient sur eux pour présenter leur offrande au Seigneur. Ce culte des saints martyrs était dans la continuité du judaïsme qui, le premier, vénérait ses propres saints martyrs (avec le culte des martyrs Macchabées évoqués dans les livres deutérocanoniques du même nom ; voir ici).

Des saints, dans l’Église, ont assuré que la mort ne les empêcherait pas d’obtenir des grâces pour ceux qu’ils laissaient sur en ce monde. 

– « Ne pleurez pas, je vous serai plus utile après ma mort et je vous aiderai plus efficacement que pendant ma vie. » (saint Dominique)

– « Je passerai mon ciel à faire du bien sur la terre » (sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus – Cf. Cat. Égl. cath n° 954-959 ; 968-970 ; 2683)

Ce sont les FRUITS et les innombrables TÉMOIGNAGES de la puissante intercession de nos frères du Ciel qui attestent leur réelle action en notre faveur, que ce soit par des guérisons, des apparitions, ou d’autres signes providentiels. Et cela tout au long des 2000 ans de l’histoire de l’Église.

Il serait absurde de nier ou rejeter en bloc les innombrables merveilles que Dieu a opérées à travers l’intercession de nos frères du Ciel ! C’est trop facile de s’en moquer ou de les jeter toutes à la poubelle sans les examiner ! À moins que l’on prétende que tout cela vient du Diable ! Mais le Diable pourrait-il glorifier l’Éternel et conduire au Christ comme le font les saints du Ciel !?

Il nous reste à nous émerveiller de cette formidable COMMUNION DES SAINTS telle qu’attestée dans la grande Tradition chrétienne et catholique – à partir de la Bible. Elle nous dévoile l’immensité de l’Amour divin qui veut nous incorporer en lui dans l’œuvre du Salut. Ne restons pas enfermé dans une lecture étroite de la Bible, où le Christ se réserverait à lui tout seul l’œuvre du Salut… en excluant la participation de ses élus au Ciel.