Discerner les faux prophètes

Sous couvert de Bible, de nouvelle naissance, de méga Church, de super pasteur – prophète – apôtre – exorciste, et d’explosion ou de ‘tsunami’ de prophéties et de miracles, se répandent d’innombrables contrefaçons de la foi chrétienne. Et des faux prophètes, ou des ‘escrocs’ de la foi.

 

Ce qui les caractérise, c’est la surenchère de puissance spirituelle et matérielle, de mirobolantes bénédictions célestes et de prospérité tous azimuts : victoire sur tout problème, bénédiction suprême, richesse, réussite, guérison, mariage…  Une prospérité toute mondaine, si peu évangélique ! Sous le verni chrétien, les méthodes de séduction sont surtout commerciales. Mais cela marche, telle la pensée magique et son auto-persuasion.

Bien-sûr, tout n’est pas à rejeter ni condamner. Bien-sûr, le Seigneur veut notre bien et notre victoire ; voire notre prospérité. Bien-sûr, de nombreux prédicateurs sont honnêtes, même si certains sont manipulateurs ou excessifs.

Mais les mirifiques promesses de VICTOIRE ou de PUISSANCE spirituelle et matérielle (!) singent ou pervertissent l’esprit évangélique. « Ce qui n’est pas étonnant puisque Satan lui-même se déguise en ange de lumière. » (2 Cor 11,14)

 

Notre présente réflexion se concentre sur les déviances au sein du christianisme.

Sur ce point, voir les pseudo-évangéliquesà bien distinguer des mouvements charismatiques. La question des SECTES est beaucoup plus vaste.

Nous y consacrons l’article suivant :  Le piège des SECTES.

 

« ÉPROUVEZ  LES  ESPRITS » (1 Jn 4)

Les évangiles et les écrits apostoliques regorgent d’avertissements sur les faux prophètes.

« Il en viendra beaucoup sous mon nom qui diront : ‘‘C’est moi le Christ’’… De nombreux faux-prophètes surgiront et abuseront bien des gens. » (Mt 25,5…)

 « Méfiez-vous des faux prophètes, qui viennent à vous déguisés en brebis, mais au-dedans sont des loups rapaces. C’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez. »  (Mt 7,15) — « Bien-aimés, ne vous fiez pas à tout esprit, mais éprouvez les esprits pour voir s’ils viennent de Dieu, car beaucoup de faux prophètes sont venus dans le monde. » (1 Jn 4,1)  — « Ces gens-là sont de faux apôtres, des ouvriers trompeurs déguisés en apôtres du Christ. Ce qui n’est pas étonnant puisque Satan lui-même se déguise en ange de lumière. » (2 Cor 11,14)

Mais comment éprouver ou discerner les faux prophètes ? Nous proposons ci-dessous trois critères de discernement.

 

TROIS  CRITÈRES  POUR  DISCERNER

L’épitre aux Galates, parmi tous les autres écrits du Nouveau Testament, affirme clairement trois critères de discernement qui nous semblent essentiels.

1er critère : La vraie foi chrétienne

« Il n’y a pas d’autre évangile. Il y a seulement des gens qui vous troublent et qui veulent déformer l’évangile du Christ. Eh bien, si nous-même ou un ange du ciel vous annonçait un autre évangile, qu’il soit maudit (anathème) ! » (Gal 1,7-8 ; voir aussi 1 Jn 4,2-3 et 2 Jn 10)

La droiture de la foi est évidemment le premier critère pour évaluer la véracité d’un apôtre. 

>> Les faux prophètes font profession de fidélité à la Bible, mais leur lecture biblique est généralement troquée ou fondamentaliste. Elle instrumentalise certains versets pour soutenir leurs délires. Elle s’écarte vite de la vision de l’Église (des églises !) ainsi que du christianisme des origines.

>> S’ajoute aussi la recherche des MIRACLES, ou de la GUÉRISON, ou du parler en langue. « Si tu ne reçois pas, c’est que tu manques de foi ». (voir ici ou ici, etc.) Ces déclarations sont excessives et fausses. Elles supposent que nos épreuves (maladies, etc.) sont dues à un manque de foi. Que signifie alors « porter sa croix » comme nous le demande l’évangile ? Et que dire des grands saints qui furent malades leur vie durant ?   

>> La « théologie de la PROSPÉRITÉ », qui promet la richesse matérielle en guise de bénédiction céleste. Et cela dans une équation simpliste : « Le Seigneur a promis de nous rendre au centuple ce que nous lui aurons donné. » (Cf. Mc 10,29-30 ; cf. Mt 19,29 et Lc 18,29-30) 

Le message de ces faux prophètes revient à ceci : « Si vous (me) donnez 10 dollars, vous en recevrez 1.000. Si vous (me) donnez 1.000 dollars, et vous en recevrez 100.000… » (Voir ici)

Si le versement de la DÎME (10 % des revenus) est IMPOSÉ, la question se pose déjà. « Que chacun donne comme il l’a résolu en son cœur, sans tristesse ni contrainte ; car Dieu aime celui qui donne avec joie. » (2 Cor 9,7)

« Dès qu’un organisme, ou une église, vous explique, plus ou moins gentiment, que vous recevrez une belle grâce du ciel en vous séparant, à son profit, de sommes rondelettes, FUYEZ. Vous êtes parmi des loups. » (Michèle d’Astier de la Vigerie ; une pentecôtiste)

L’évangile de la PROSPÉRITE est amplement dénoncé dans les milieux évangéliques (voir ici & ici). Certains télévangélistes reconnaissent honnêtement en avoir abusé aveu qui est tout à leur honneur. Ainsi Joyce MEYER ,   Benny HINN , et Joel OSTEEN.

>> Les contrefaçons de la foi vont jusqu’à la négation de la DIVINITÉ du Christ, et la négation de la TRINITÉ. 

— La négation de la DIVINITÉ du Christ se retrouve par exemple chez les Témoins de Jéhovah. (Dans ce cas, ce n’est plus la foi chrétienne : voir Vraiment DIEU ?  et art. suivant : Le piège des SECTES)

— La négation de la TRINITÉ est plus subtile, mais non moins grave, chez des prédicateurs pourtant connus et renommés pour leur érudition biblique. Ces prédicateurs ne sont donc plus vraiment chrétiens, quelle que soit leur réputation et leur érudition biblique.

Voir par ex. ici ou ici. On remarquera les contorsions bibliques de ceux qui veulent à tout prix affirmer que « le Père EST le Fils » (!?) Ils nous resservent la vieille hérésie du modalisme (ou sabellianisme). Ils contredisent finalement la Bible, et 2000 ans de christianisme et de réflexion théologique. Remarquons qu’ils ne se revendiquent d’aucune église, car ils ne font partie d’aucune église. (Voir notre art. sur La TRINITÉ)

 

2e critère : La communion ecclésiale

Paul nous en donne l’exemple : quelles que soient ses extraordinaires révélations, sa fécondité apostolique dans la puissance des miracles, il est toujours resté en communion avec l’Église. « Comment prêcher sans avoir d’abord été envoyé ? » (Rm 10,14-15) — « …Trois ans après, je suis monté à Jérusalem pour faire la connaissance de Pierre (…) Ensuite, au bout de quatorze ans, je suis de nouveau monté à Jérusalem pour exposer (aux apôtres) l’évangile que je prêche. » (Gal 1,18 & 2,1 s.)

Paul n’a pas fait cavalier seul, alors qu’il avait de quoi s’enorgueillir (2 Cor 11 & 12). Il voulut authentifier sa foi et sa mission auprès des apôtres à Jérusalem (ce fut ensuite à Rome). Plus tard, St François de Sales prodigua une judicieuse réflexion sur le rapport entre les ‘prophètes’ (ministres extraordinaires) et l’autorité ordinaire de l’Église – et comment ces autorités ne peuvent se contredire.

« Si les ministres extraordinaires reprennent parfois les ministres ordinaires à cause de leurs vices, jamais ils ne remettent en cause la légitimité de ce que Dieu a institué ! (…) L’autorité extraordinaire ne peut donc pas détruire l’autorité ordinaire puisque toutes les deux servent Dieu ! Sinon quelle contradiction ! Dieu détruirait ce qu’il avait ordonné ! Or Jésus ne dit-il pas que tout Royaume divisé contre lui-même est dévasté ?  (Lc 11, 17) » (source)

 

3e critère : Les fruits évangéliques

Le troisième critère est l’esprit évangélique de la CHARITÉ et de ses fruits, ceux du Saint Esprit : « On juge l’arbre à ses fruits. » (Mt 7,15)

« Le fruit de l’Esprit, c’est l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la foi, la douceur, la maîtrise de soi. » (Gal 5,22) — « Le fruit de l’Esprit consiste en toute forme de bonté, de justice et de vérité. » (Éph 5,9) — « Pour toi, homme de Dieu, fuis tout cela (cupidité, etc.). Recherche la justice, la piété, la foi, l’amour, la persévérance, la douceur. »  (1 Tim 6,11)

Les fruits de la CHARITÉ ou du Saint Esprit sont donc aussi ceux du respect et de la liberté de chacun, de l’humilité et de la modestie, du service, de l’honnêteté et de l’intégrité, de la transparence et de la franchise

Tout le contraire des pasteurs manipulateurs et escrocs, menant grand train de vie, maîtres en marketing ou matraquage publicitaire, qui imposent leur emprise sur leur fidèles jusqu’à les asservir et détruire leur famille.

« Beaucoup me diront en ce jour-là : ‘’Seigneur, n’est-ce pas en ton nom que nous avons prophétisé ? …chassé les démons ? …fait de nombreux miracles ?’’ Alors je leur dirai : ‘’Je ne vous ai jamais connu ; écartez-vous de moi, vous qui commettez le mal. » (Mt 7,21 s.)

« Bien des prédicateurs entraîneurs de foules, d’exorcistes et de faiseurs de miracles, s’entendront ainsi reniés au jour du jugement. Car c’est Jésus lui-même qui guérit en daignant se servir de nous ; c’est son nom qui est puissant, non le nôtre, non celui de Pierre ou de Jean. (Act 3,12-16) » (p. Hebga, Sorcellerie et prière de délivrance, p.190)

« Ne vous faites pas appeler Rabbi, car vous n’avez qu’un seul Maître, et vous êtes tous frères. Et n’appelez personne sur la terre votre père, car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est dans les cieux. Ne vous faites pas non plus appeler docteur, car vous n’avez un seul enseignant, le Christ. Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Quiconque s’élèvera sera abaissé, et quiconque s’abaissera sera élevé. » (Mat 23,8-12)

Comprenons bien le sens de ces paroles. Jésus ne réprouve pas ici le mot ‘père’ ou ‘docteur’. Il dénonce toute prétention à une quelconque supériorité ou domination spirituelle en contradiction avec l’esprit évangélique du service : « Celui qui veut être le premier, qu’il soit le serviteur de ses frères » (Mt 20,26-27 ; Mc 10,43 ; Lc 22,26)

Ce passage de Mt 23 est systématiquement invoqué contre le catholicisme et ses prêtres appelés père (ou abbé, ce qui est pareil). Sur ce point, voir : Le PRÊTRE : peut-on l’appeler « père » ?

Est ici dénoncée l’emprise des pasteurs manipulateurs – jusque dans leurs visées financières, leurs caprices sexuels (en détruisant les foyers), et l’asservissement à leur personne. Certains vont jusqu’à demander aux « brebis du Christ » de brouter l’herbe en guise de travaux pratiques ; ou d’embrasser les pieds de leur pasteur ! (sic. Ex. ici)

« Il en viendra beaucoup sous mon nom qui diront : ‘‘C’est moi le Christ’’, et ils abuseront bien des gens… De nombreux faux prophètes surgiront et abuseront bien des gens. » (Mt 25,5…)

Certes, aucun pasteur ne prétend être le Christ. Mais nombreux sont ceux qui s’affichent (sur des affiches mirobolantes, ou à la TV…) comme l’envoyé de Dieu (ce qui revient à s’autoproclamer ‘christ’ ou ‘messie’). 

Servent-ils vraiment le Christ ?  Ou plutôt eux-mêmes !?

« Je leur dirai : ‘’Je ne vous ai jamais connu ; écartez-vous de moi, vous qui commettez le mal. » (Mt 7,21 s.)

CONCLUSION

Au contraire des faux prophètes, les VRAIS PASTEURS manifestent la droiture de la foi, la communion fraternelle et ecclésiale, et les fruits du Saint Esprit, donc aussi l’humilité, l’esprit de service et bien sûr l’intégrité.

C’est ainsi que les uns déclarent : « Je n’aimais pas les catholiques, mais l’Esprit Saint m’a ouvert les yeux et m’a fait comprendre que nous sommes frères » ; ou que des catholiques reconnaissent l’apport des évangéliques et de leurs talents. (voir  L’UNITÉ selon Dieu)

« N’éteignez pas l’Esprit, ne repoussez pas les prophéties, mais discernez la valeur de toute chose. Retenez ce qui est bon ; éloignez-vous de toute espèce de mal » (1 Thess 5.21-22 ; cf. Phil 4.8).





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