L’Église est accusée d’avoir été complice et même acteur de la colonisation. Et que celle-ci pilla les colonies.
Pour beaucoup, tous les malheurs de l’Afrique proviendraient de l’Europe. D’autres vont jusqu’à qualifier la colonisation de « crime contre l’humanité » (président Macron, Algérie, 2017).
L’actuelle recrudescence du panafricanisme se nourrit de cette inculpation, sécrétant une détestation de l’Occident et de l’Église.
Ces accusations, martelées par l’idéologie altermondialiste (Black Lives Matter & co), contraignent les européens à la culpabilité et à la repentance. Au point qu’ils doivent accepter l’invasion migratoire en Europe. Jusqu’à devoir se laisser remplacer et s’effacer…
Le dossier de la colonisation est énorme – d’abord celle du passé, mais aussi celle du néo-colonialisme aujourd’hui.
Nous voulons ici examiner certains mythes sur la colonisation du passé, sans nier toutes les discussions légitimes à son sujet. Et sans entrer dans la néo-colonisation actuelle.
Nous examinons aussi la question du roi belge Léopold II, traité de génocidaire du Congo belge, et ‘célèbre’ pour son (faux) discours aux missionnaires belges. Sur ce point, voir Le roi belge Léopold II…
1. La colonisation : une entreprise qui se voulait civilisationnelle
En France, elle fut promue au 19e s. par les républicains ou les socialistes de l’époque, héritiers de la Révolution française (J. Ferry, Clémenceau, Jaurès, Blum…) (ici). Et ceci afin de civiliser les colonies et étendre ainsi l’Empire de la métropole, au nom des Lumières et des Droits de l’Homme. C’était donc là une entreprise civilisationnelle, et non d’abord une entreprise économique. (Bon, chacun jugera cela à sa façon, mais ce sont là les faits historiques.) Donc la colonisation française vint de la Gauche socialiste, et non de la Droite ! (source)
Car la droite royaliste et chrétienne y était défavorable (ici), estimant que la colonisation coûtait trop cher au pays, qui devait tout construire dans ses colonies. « Les colonies affaiblissent la Patrie qui les fonde. Bien loin de la fortifier, elles lui soutirent son sang et ses forces » (Albert de Broglie, sénateur monarchiste, 11 décembre 1884).
Dans les années 1970, Jacques Marseille, jeune historien communiste, s’était lancé dans une thèse, Empire colonial et capitalisme français (Albin Michel, 1984), afin de démontrer que la colonisation était le fruit vénéneux du capitalisme. À sa grande surprise, il dû plutôt reconnaître que la colonisation avait entravé le développement de la métropole. (source)
La colonisation fut donc l’œuvre du SOCIALISME, contrairement à ce que nous a imposé la propagande anticapitaliste et communiste. Or, ce sont maintenant les socialistes (marxistes, tiers-mondistes, anticapitalistes et antiracistes) qui dénoncent cette colonisation entreprise par leurs pères fondateurs, pour ensuite imposer aux métropoles culpabilité et repentance !!
2. La colonisation a-t-elle pillé les colonies ?
L’idéologie tiers-mondiste repose sur l’idée d’un Occident coupable de s’être enrichi aux dépens des peuples colonisés.
Or les énormes capitaux investis dans les colonies ne furent presque jamais compensés par les gains en retour. La France a-t-elle pillé ses colonies ?
Bien au contraire : ces investissements ralentirent plutôt l’essor économique des métropoles. Les pays non-colonisateurs (Allemagne, Suisse, Autriche, Suède, + USA, et Japon) prospérèrent davantage que les pays colonisateurs (Portugal, France, Belgique, Royaume-Uni). On estime à 20 % l’effort du budget de l’État français pour la colonisation de l’Algérie.
La colonisation a donc plutôt coûté aux pays colonisateurs, même si elle a enrichi certaines entreprises.
« La Belgique n’a pas pillé le Congo. Et pourtant, cette colonie fut une de celles dans lesquelles les profits furent les plus importants. Mais, à partir de 1908, les impôts payés par les consortiums et les privés furent en totalité investis sur place. Le Congo belge pouvait donc subvenir à ses besoins, le plan de développement décennal ainsi que les investissements étant financés par les recettes locales tirées de l’impôt des grandes sociétés. » (B. Lugan)
De surcroît, les pays colonisateurs imposèrent à leur propre économie l’achat des produits coloniaux à des tarifs largement supérieurs aux cours mondiaux. Exemple : Le cacao de Côte-d’Ivoire était payé 220 francs les 100 kilos, alors que le cours mondial était de 180 francs les 100 kilos (source). Ce n’est qu’avec la décolonisation que les pays colonisateurs ont pu retrouver leur compétitivité économique.
3. La colonisation : que des méfaits ?
La colonisation est généralement décriée pour ses innombrables abus. Admettons…
Mais est-ce une raison d’en ignorer certains bienfaits ? Qui n’a jamais entendu ces propos d’anciens, ou de même de personnalités politiques : « C’était quand même mieux du temps des Blancs. » (allusion aux dispensaires, écoles, routes…) ? (voir ici + ici) Ou encore : « [Les Blancs] ont pris ce pays par la force ; s’ils revenaient, cette fois-ci, nous le leur offririons. » (source)
« À l’époque coloniale, les instituteurs, les professeurs, les médecins ont accompli une œuvre dont ils n’ont pas à rougir. Ils entretenaient de bonnes relations avec la population. » (Propos de M. Ferro, historien de gauche et anticolonialiste, cités dans Historiquement correct, Jean Sévilia, p. 396. Voir aussi ici)
Il faut donc faire la part des choses. La colonisation ne fut pas que mauvaise. Elle apporta ses aussi ses bienfaits, même si ce ne fut pas le paradis.
Parmi ces bienfaits :
>> La colonisation mit provisoirement fin aux affrontements ethniques, qui étaient souvent dévastateurs, broyant les plus faibles. L’exemple sud-africain est incontestable : la colonisation blanche mit un terme au génocide interafricain organisé par les Zulu et les Matabele. (ici + ici)
L’Afrique est une mosaïque de peuples et de langues. Les Blancs imposèrent des divisions administratives souvent artificielles et critiquables (oui, c’est sûr !), mais qui eurent le mérite d’établir la paix dans bien des contrées. (ici)
>> La colonisation a délivré les Africains de l’esclavagisme arabo-musulman qui ravageait l’Afrique bien plus que la traite atlantique.
Sur ce point, voir l’article précédent, L’Église complice de l’ESCLAVAGE ? Quand les colons d’Europe intervinrent avec leur armée, il faudra encore un demi-siècle d’efforts aux missionnaires (pères du Saint-Esprit, pères Blancs, pasteurs de la Church Missionary Society) pour combattre les esclavagistes sur leur propre terrain. Leurs efforts seraient demeurés vains sans la participation militaire de la Grande-Bretagne, de l’Allemagne, de la France, du Portugal et de la Belgique. (Voir ici comment missionnaires et colons mirent fin à la traite arabo-musulmane.)
La conquête du Mexique par les conquistadors n’avait rien d’humanitaire. Mais elle fut néanmoins une grande libération pour les dizaines de peuples opprimés par les Aztèques, puis sacrifiés sur leurs autels, pour finir à la boucherie. Ce qui explique comment ces peuples combattirent avec les conquistadors contre leurs oppresseurs. (lire ici)
>> La colonisation apporta les innombrables infrastructures économiques, sociales, éducatives, médicales dont bénéficient encore nos pays d’Afrique aujourd’hui. Les épidémies et la mortalité furent jugulées. (Dommage, diront certains – en particulier ceux qui déplorent l’explosion démographique en Afrique…). Les techniques agricoles partout répandues. Etc. (voir ici)
> Bien-sûr, rien n’était parfait. Mais c’est ainsi l’Afrique est entrée dans le concert des nations tel que nous le connaissons aujourd’hui. Un concert certes très imparfait, surtout en raison du néo-colonialisme contemporain des multinationales et des intérêts économiques de certains pays d’occident. (Cette néo-colonisation pose effectivement d’énormes questions…)
Quelques questions iconoclastes (qui ne nous feront pas que des amis) :
— L’Afrique aurait-elle dû rester en dehors du concert des nations et de tous les progrès technologiques et civilisationnels qui ont révolutionné le monde ? (Si l’Occident n’était pas venu à elle, l’Afrique serait-elle venue en Occident ?)
— Les trésors de l’Égypte : qui les a déterré des sables de l’oubli et mis en valeur ? (Pensons au décryptage de Hiéroglyphes par Champollion, où au travail acharné des archéologues) ?
— Certains regrettent le paradis perdu de l’Afrique traditionnelle et de ses coutumes. (On peut le comprendre…) Mais regrettent-ils les capacités de communication, d’information, d’instruction, de voyage depuis un siècle ? Sans parler du confort moderne. (Avec tant de superbes demeures… d’un style parfaitement occidental.)
— Et peut-être ne seraient-ils même pas nés sans les apports de la médecine moderne (lutte contre les épidémies et la mortalité infantile).
Comment évaluer les pertes et les profits de la colonisation ? Refaire l’histoire à l’envers n’est pas simple ! Pourquoi donc les pays d’Asie ne se plaignent autant de leur colonisation !? « La colonisation n’est apparemment pas plus à l’origine de la puissance industrielle de l’Occident qu’elle n’est la cause du sous-développement de l’Afrique » (source)
Une décolonisation désastreuse. Quand on voit aujourd’hui la catastrophe économique du Zimbabwe (ex-Rhodésie), alors que ce pays, sous la houlette des colons, nourrissait non seulement son peuple, mais exportait viande, tabac, maïs, au lieu de les importer ! Et que dire du naufrage socio-économique de l’Afrique du Sud, qui a ruiné tout son héritage colonial, au point de vouloir encore exproprier sans indemnité (si ce n’est les massacrer) ses quelques 40.000 fermiers blancs, provoquant le même désastre qu’au Zimbabwe ? Et que dire de la RDC ? (ici)
L’excuse de la colonisation a ses limites. Elle ne peut indéfiniment justifier la gabegie, le tribalisme, le fatalisme, et la corruption endémique et systémique des pays africains. L’Afrique n’a jamais eu autant de millionnaires et milliardaires qu’aujourd’hui. Leur opulence est criante face à la misère ambiante. À qui la faute ? Il est facile d’incriminer l’autre (l’étranger). Mais on n’est jamais mieux trahi que par les siens (ses ‘frères’).
« Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère, et ne remarques tu pas la poutre qui est dans ton œil ? » (Mt 7,3)
4. Et l’Église dans tout ça ?
>> L’Église n’a pas voulu la colonisation — à ne pas confondre avec ses missions deux siècles auparavant. En France, l’entreprise coloniale fut un projet de la gauche anticléricale (19e s.). L’ensemble de la droite royaliste et catholique n’y fut donc pas favorable, estimant l’entreprise trop coûteuse.
>> Le conflit entre Église et l’État anticlérical français se retrouva donc dans les colonies. Les missionnaires s’opposèrent souvent aux méthodes de l’administration coloniale, qui le leur rendait bien. (Par exemple, les missions obtenaient difficilement leurs terrains, se trouvant dès lors éloignées du centre-ville.)
L’exemple le plus flagrant est la colonisation de l’Algérie, où l’administration française (républicaine, donc franc-maçonne et anticléricale) interdit carrément toute évangélisation et éducation chrétienne.
Avec les conséquences que l’on sait : une Algérie essentiellement islamique qui ne pouvait pas s’intégrer à la métropole. La fameuse lettre de Charles de Foucauld à R. Bazin annonçait tout cela plus de 100 ans avant. Ce fut une des raisons de l’abandon de l’Algérie française, de sinistre mémoire, par De Gaulle. C’est aussi une des principales raisons du communautarisme musulman en France aujourd’hui, ainsi que le prédisait Charles de Foucauld.
>> Les missionnaires luttèrent contre l’esclavage encore répandu en Afrique au 19e s. Ce furent les militaires européens (dont le roi Léopold II ), aidés par les missionnaires et des troupes coloniales, qui entreprirent une véritable éradication des esclavagistes mahométans ou traditionnels (Dahomey par ex.). (Qui, aujourd’hui, parle de ce bienfait de la colonisation ? ici et ici)
De plus, les missionnaires rachetaient et libéraient autant que possible les esclaves, collaborant aussi avec les militaires contre les esclavagistes arabes. Fin 19e s., le cardinal Lavigerie créa une trentaine de villages « antiesclavagistes » en Afrique Noire. C’est ainsi que furent créés des « villages de liberté » pour accueillir et protéger les esclaves libérés (ici et ici). (« Village de liberté » fut l’origine de Libreville.) Il en fut de même pour le rachat des esclaves de l’Afrique orientale à Zanzibar. (ici et ici) Le roi belge Léopold II voulut, parmi ses premiers objectifs, éradiquer le fléau de l’esclavage ‘arabe’ ou ‘mahométan’ au Congo belge. Voir Le roi Léopold II…
>> Les maladresses des missionnaires ? (Et même les trahisons de certains, tout comme l’apôtre Judas trahit son Maître.) Bien sûr qu’elles seront toujours à déplorer. Mais gare aux anachronismes : les mentalités de l’époque n’étaient pas celles d’aujourd’hui, et encore moins la compréhension des peuples, de leurs coutumes et de leurs valeurs, comme nous les révèlent depuis un siècle les innombrables études d’ethnologie.
« Un arbre qui tombe fait plus de bruit qu’une forêt qui pousse. » De fait, le mal fait plus de bruit que le bien. Les méfaits des missionnaires avant tout…
>> Mais les missionnaires n’étaient pas des colons ! Ils venaient en serviteurs de l’Évangile. (Certes, parfois rudes et maladroits.) Les premiers missionnaires y sacrifièrent leur vie, conscients qu’ils ne reviendraient probablement jamais en Europe. Beaucoup y succombèrent très jeunes suite à la dureté des conditions de vie et d’hygiène dans les premières missions. (Les cimetières missionnaires en témoignent.)
>> Les missionnaires se consacrèrent au développement et non seulement à l’évangélisation. Ils se consacrèrent à l’éducation, aux soins, à l’étude des cultures locales (dialectes, premiers dictionnaires des langues locales), de l’herboristerie, et jusqu’à l’étude du « monde de la nuit » (le domaine des guérisseurs, dans lequel s’illustra le p. Éric de Rosny, s.j). L’Afrique avait-elle besoin de tout cela ? NON, répondent certains. Mais ne peut-on pas en reconnaître quelques bienfaits, outre l’éradication de la traite arabo-musulmane, et des autres pratiques esclavagistes ou sacrificielles traditionnelles ? (ici et ici) Le débat reste ouvert. Mais on ne peut refaire l’histoire à l’envers.
>> Et que dire de l’énorme effort financier des fidèles en Europe en faveur de l’œuvre missionnaire ? Leur intérêt était-il de s’enrichir ?
>> Même si les missionnaires ne furent pas tous exemplaires, on ne peut effacer les très nombreux et saints missionnaires qui ont consacré et sacrifié leur vie en Afrique pour y répandre l’Évangile et l’amour, comme les bienheureux Lieberman, les p. Brothier, ou les sœurs A.-M. Javouhez : leurs actes et lettres témoignent de leur dévouement et de leur amour pour leurs bien-aimés d’Afrique.
Le p. François Libermann, fondateur des spiritains, développa une mystique d’amour et de service envers les plus abandonnés (y compris esclaves), dans un esprit d’humilité, de fraternité et de disponibilité — bien en avance sur son temps : « Dépouillez-vous de l’Europe, de ses mœurs, de son esprit. Faites-vous nègres avec les nègres. Faites-vous à eux comme des serviteurs doivent se faire à leurs maîtres. » (source) (NB. Le terme ‘nègre’ vient du latin negro – noir.)
>> On juge l’arbre à ses fruits : développement, dispensaires, établissements scolaires… Avec l’Évangile qui fait son chemin dans les cœurs et les familles. Avec les saints connus ou méconnus : saint Charles Lwanga et ses compagnons martyrs (Ouganda) ; Bakanja, Anuarite, Josephine Bakhita, R. Naoussi, et l’incroyable couple Rugamba, martyrisé dans le génocide rwandais…
Ces saints africains étaient-ils des décervelés au point d’embrasser la foi de leurs colonisateurs !? N’avaient-ils pas plutôt découvert le Christ à travers d’authentiques témoins de l’Évangile, jusqu’à lui consacrer leur vie, jusque dans la mort, et même les pires sévices ?
>> Quant à l’éducation et la santé, les établissements scolaires ou les hôpitaux /dispensaires gérés par les congrégations religieuses et missionnaires restent généralement en tête et très prisés dans tous les pays anciennement colonisés, quand ils restent fidèles à l’esprit de leurs fondateurs. Il est facile de vouloir refaire l’histoire, et de tout renverser ou « décoloniser ». Encore faut-il construire ! (ici)
À propos de colonisation ancienne et actuelle, il faudrait s’interroger sur celle de l’ISLAM dans tous ses territoires. Il est tellement facile de croire aux fables de la « bonne colonisation » islamique, comme celle d’Al-Andalous, fables qui font de l’islam colonisateur de l’Espagne (depuis le 9e s.) une « civilisation à l’avant-garde de la tolérance, des arts et des sciences ». Des historiens se lèvent aujourd’hui pour renverser ces « jolis mensonges » destinés à nous faire gober l’immigration et un soi-disant islam des lumières, et aussi à nous plonger dans la repentance. (Voir Serafin Fanjul : Al-Andalus, l’invention d’un mythe)
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