PÉDOPHILIE : juste colère

NB. Ce sujet explosif s’imposait dans ce chap. sur les « crimes » de l’Église. Sans prétendre traiter l’ensemble du sujet, il nous a paru important d’exprimer ce qui suit.

 

Parmi les ‘crimes’ de l’Église, celui-ci est le plus lamentable et actuel. La position officielle de l’Église est donc la repentance, dans une dynamique de transparence et de réparation.  

Il serait malvenu ici de vouloir se dédouaner en dénonçant certains procès discutables, voire calomnieux, contre l’un ou l’autre ecclésiastique. Ou en pointant les abus sexuels en dehors de l’Église, bien plus nombreux, et peu évoqués.

Force est de reconnaître que le scandale est tellement plus grave dans l’Église qu’ailleurs. Car les crimes sexuels contredisent son identité et sa mission. À plusieurs titres, à savoir : 

1. Sa mission d’annoncer l’Évangile et d’en témoigner

2. Le service de la charité

3. Et l’option préférentielle pour les pauvres et les plus petits

La pire infamie dans l’Église est la trahison de sa mission première. Corruptio optimi pessima. (La corruption du meilleur, c’est le pire.)

Toutefois, nous devons rappeler ici que ce n’est pas l’Église dans son ensemble qui trahit sa mission, mais certains de ses membres gravement prévaricateurs.

Et précisons aussi que le célibat clérical ou religieux n’est pas un facteur de ce genre de délit. (La plupart de ces délits sont commis par des gens ayant une vie sexuelle…)

Pour autant, quand un membre trahit, c’est tout le corps qui en souffre ! Une évidence depuis 2000 ans : « Nous ne donnons à personne aucun sujet de scandale pour que notre ministère ne soit pas décrié » (2 Cor 6,3).

 

Et c’est le CHRIST lui-même qui est le plus sévère sur ce point, il y a 2000 ans : « Il est inévitable que des scandales arrivent. Mais MALHEUR à celui par qui le scandale arrive. Il vaut mieux pour lui qu’on lui attache au cou une pierre à moudre et d’être jeté à la mer, plutôt que de scandaliser un seul de ces petits. » (Lc 17,1 ; Mt 18,5-7 & Mc 9,42)

Il n’est pas de paroles plus tranchantes – et combien actuelles. Pour Jésus, la mort serait en quelque sorte préférable à ce genre de scandale. (Certes, il ne prône pas la peine de mort…)

LE PAPE BENOÎT XVI aux prêtres et aux religieux qui ont abusé des enfants :

« Vous avez trahi la confiance placée en vous par de jeunes innocents et par leurs parents. Vous devez répondre de cela devant Dieu tout-puissant, ainsi que devant les tribunaux constitués à cet effet. Vous avez perdu l’estime des personnes et jeté la honte et le déshonneur sur vos confrères. » (Lettre aux catholiques d’Irlande, n° 7)

 

Le pape Benoît XVI a parlé pour toute l’Église, ses prêtres ou religieux. Sa parole est sans appel, et je la fais mienne.

 

Et voici ma parole : Grande est ma colère sur cet abominable scandale ! Je travaille comme prêtre-missionnaire en Afrique depuis 25 ans, dans l’évangélisation et dans l’éducation des jeunes. Je vis chaque jour davantage ma mission de conduire nos enfants sur les chemins de la vie dans l’absolu respect envers eux !  — Mon engagement dans le célibat ou la chasteté ne fait pas de moi un prédateur sexuel potentiel ! J’ai trop conscience de mon immense responsabilité. Si j’encourage nos jeunes à ne pas se lancer dans les aventures sexuelles, comment oserais-je ainsi me parjurer dans une pareille abomination !!? (Malheur à moi si je le fais !!!)  Grande est ma consternation et ma colère quand je constate qu’on peut abuser de nos enfants, et piétiner ainsi notre mission sacrée et vitale, surtout dans notre monde ‘post-moderne’ qui piétine de plus en plus ses valeurs éternelles… et ses enfants. Nos enfants sont sacrés ! Malheur à celui qui les fera tomber.  (p. Jean-Benoît Casterman)

« Cette épouvantable duplicité de quelques brebis galeuses fait aujourd’hui la honte de l’Eglise toute entière, en faisant oublier du même coup les milliers de prêtres qui font du bien, sans qu’on n’en parle jamais dans les médias. » (source)

C’est pourquoi je veux reproduire ici la fameuse Lettre d’un prêtre catholique au New York Times.

(Voyez sur Google, par ex. https://fr.aleteia.org/2016/04/22/pedophilie-la-lettre-dun-pretre-catholique-au-new-york-times/ )

Du Père Martin Lasarte – publiée le 22/04/16. Le quotidien américain n’a pas daigné publier ce courrier qui a été repris par le site argentin « Enfoques Positivos » avec un succès phénoménal.

« Cher frère journaliste,

je suis un simple prêtre catholique. Je me sens heureux et fier de ma vocation et cela fait vingt ans que je vis en Angola comme missionnaire.

Je constate dans de nombreux médias, surtout dans votre journal, une recrudescence des articles consacrés aux prêtres pédophiles, toujours sous un angle morbide, scrutant dans leurs vies les erreurs du passé. (…)

Je ressens moi-même une grande douleur pour le mal immense que provoquent ces personnages qui devraient être des signes vivants de l’Amour de Dieu. Ils infligent un coup de poignard à la vie de trop d’êtres innocents. Il n’y a pas de mots pour justifier de tels actes. Il n’y a pas de doute non plus sur le soutien que l’Église prodigue aux faibles et aux plus démunis. Pour cette raison, sa priorité absolue demeurera toujours d’adopter et de promouvoir toutes les mesures nécessaires pour la prévention et la protection de la dignité des enfants.

Je m’étonne de lire si peu de nouvelles au sujet de ces milliers de prêtres qui sacrifient leur vie et s’épuisent pour des millions d’enfants et d’adolescents, riches ou pauvres, choyés ou défavorisés, aux quatre coins du monde.

Je pense que le New York Times ne sera donc pas intéressé d’apprendre :

Que j’ai dû transporter des dizaines d’enfants faméliques par des chemins minés à cause de la guerre de 2002, entre Cangumbe et Lwena (Angola), car le gouvernement ne pouvait le faire et les ONG n’y étaient pas autorisées ;

– Que j’ai dû enterrer des dizaines d’enfants morts pendant leur exode pour fuir la guerre ;

– Que nous ayons sauvé la vie de milliers de personnes dans le Moxico grâce au seul centre de santé existant dans une zone de 90 000 km2, en distribuant de la nourriture et des semences ;

– Que nous ayons pu fournir éducation et écoles à plus de 110 000 enfants au cours de ces dix dernières années ;

– Il demeure sans intérêt qu’avec d’autres prêtres, nous ayons eu à secourir près de 15 000 personnes dans les campements de la guérilla, après qu’ils aient rendu les armes, parce que les aliments du gouvernement et de l’ONU n’arrivaient pas ;

– Ce n’est certainement pas une nouvelle intéressante qu’un prêtre de 75 ans, le père Roberto, parcourt encore la ville de Luanda, soignant les enfants des rues, les conduisant à un foyer d’accueil, pour qu’ils soient désintoxiqués de l’essence qu’ils avalent pour gagner leur vie comme cracheurs de feu ;

– L’alphabétisation de centaines de prisonniers n’est probablement pas non plus une information cruciale ;

– Comme il est inutile de savoir que d’autres prêtres, comme le père Stéphane, organisent des auberges de jeunesse pour servir de refuge aux jeunes maltraités, battus, et même violés ;

– Il n’est pas davantage intéressant que le père Maiato, du haut de ses 80 ans, visite les maisons des pauvres, une à une, réconfortant les malades et les désespérés ;

– Ce n’est pas une information non plus que près de 60 000 prêtres – sur les 400 000 prêtres et religieux du monde – aient quitté leurs pays et leurs familles pour servir leurs frères dans une léproserie, des hôpitaux, des camps de réfugiés, des orphelinats. De soigner les enfants accusés de sorcellerie ou orphelins de parents morts du sida. De gérer des écoles pour les plus pauvres, des centres de formation professionnelle, des centres d’accueil pour les séropositifs, etc.

– Sans parler de ceux qui dépensent leur vie dans des paroisses et des missions, à motiver les gens pour mieux vivre et surtout pour aimer ;

– Ce n’est pas une information que mon ami, le père Marc-Aurèle, pour sauver des enfants pendant la guerre en Angola, les a transportés de Kalulo à Dondo et qu’il a été mitraillé sur le chemin du retour de sa mission. Ou que le frère François avec cinq dames catéchistes, sont morts dans un accident en allant aider des régions rurales les plus reculées du pays ;

– Que des dizaines de missionnaires en Angola sont morts d’une simple malaria, faute de moyens sanitaires ;

– Que d’autres ont sauté sur une mine, en visitant leurs fidèles (dans le cimetière de Kalulo se trouvent les tombes des premiers prêtres qui sont arrivés dans la région : aucun n’a dépassé les 40 ans) ;

– Ce n’est pas vendeur de suivre un prêtre « normal » dans son travail quotidien, dans ses difficultés et ses joies, dépensant sa vie sans bruit en faveur de la communauté qu’il sert.

La vérité, c’est que nous ne cherchons pas à créer l’information, mais simplement à porter la Bonne Nouvelle, cette Nouvelle qui, sans bruit, a commencé à faire parler d’elle au cours de la nuit de Pâques. Un arbre qui tombe fait plus de bruit que mille arbres qui poussent.

On fait beaucoup plus de bruit pour un prêtre qui commet une faute, que pour des milliers qui donnent leur vie pour les pauvres et les indigents.

Je ne prétends pas ici faire l’apologie de l’Église et de ses prêtres.

Un prêtre n’est ni un héros ni un névrosé. Il est simplement un homme normal qui, avec sa nature humaine, cherche à suivre Jésus et à Le servir dans ses frères.

Chez les prêtres, il y a de la misère, de la pauvreté et des fragilités comme chez tous les êtres humains. Mais il y a également de la beauté et de la grandeur comme en chaque créature. Insister d’une manière obsessionnelle et persécutrice sur un thème douloureux, en perdant de vue l’ensemble de l’œuvre, esquisse volontairement des caricatures offensantes pour le sacerdoce catholique, et par lesquelles je me sens offensé.

Je te demande seulement, ami journaliste, de rechercher la Vérité, le Bien et la Beauté. Ainsi tu grandiras avec noblesse dans ta profession.

Dans le Christ,

Père Martin Lasarte »

Article en cours de rédaction

 

 

 

 

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