La victoire de Dieu

LA BIBLE entière est consacrée au scandale du mal. Dès ses premières pages (Genèse 1-3), celle-ci nous présente la Création de l’Univers, dont l’homme et la femme. Le Mal était absent de la Création : ni créé, ni voulu par le Créateur. Voyons comment celle-ci fut frappée par le mal, avec le « péché originel » et ses conséquences.

Et surtout comment l’Éternel réagit et y répond.

1. À l’origine, la Création est BONNE, et même « très bonne » concernant l’homme et la femme (Gen 1-2). Le mal n’en fait donc pas partie. Il n’est pas créé par Dieu. (Contrairement à ce qu’affirment d’autres religions comme le manichéisme et l’islam).

2. L’Homme est doté de la LIBERTÉ, car il est appelé à une relation filiale avec son Créateur. Cette liberté est représentée par « l’arbre de la connaissance du bien et du mal » juste à côté de l’arbre de la vie (Gen 2).

Cet arbre symbolique fait l’objet de diverses interprétations. Mais il n’est nullement mauvais ni empoisonné, puisque créé par Dieu. Et il n’a rien d’une pomme ou de la sexualité, créée elle aussi par Lui. Selon nous, il représente le libre arbitre, la capacité de choisir (‘connaître’) le bien ou le mal. Le Créateur demande de ne pas cueillir son fruit dans le sens de ne pas s’emparer de notre liberté, de ne pas s’émanciper de lui-même et de sa volonté.

3. Le SERPENT-tentateur, Satan, entraîna Adam et Ève dans son refus de Dieu. L’origine du mal provient donc de la plus grande des créatures angéliques, l’ange Lucifer (‘porte lumière’). La Bible nous révèle ainsi le premier instigateur du mal, « Satan » ou le « Diable » (= Diviseur), l’antique « Serpent » ou le « Dragon » de l’Apocalypse.

Ne pourrait-on pas comparer aujourd’hui ce « Lucifer » aux grandes idéologies qui manipulent l’homme en lui promettant le progrès, l’émancipation, la jouissance, la liberté… en le séparant de Dieu son Créateur ?

4. L’HOMME s’empara alors de sa liberté. Il la ‘cueillit’ comme on dérobe un fruit, transgressant ainsi l’avertissement de son Créateur sur le danger d’une liberté coupée de Lui, sans foi ni loi. L’homme-Adam s’émancipa ainsi de son Créateur, tel un enfant qui rompt avec son père en rejetant son autorité pour n’en faire qu’à sa tête. C’est cette rupture (péché originel) qui fit entrer le mal et la mort dans le monde.

Notons combien ce péché dit « originel » est toujours ACTUEL. Car il est le péché le plus fondamental, celui de la créature qui veut s’émanciper de sa Source divine, tout comme l’enfant d’avec son père. C’est cette rupture qui engendre le grand désordre en l’homme et dans son entourage. Aujourd’hui comme depuis les origines. « Rien de nouveau sous le soleil » (Ecclés. 1,9). Le Diable-démon agit pareillement aujourd’hui sous les incitations du Monde : « Vas-y ! Fais tes expériences ! Tu dois t’émanciper ! Ne reste pas un éternel enfant ! Sois ton propre maître ! Croque la vie à pleines dents, profites-en ! … » 

La parabole de l’enfant prodigue illustre parfaitement ce péché de séparation du père (Lc 15). L’enfant veut s’émanciper de son père pour vivre sa vie à sa guise. Il réclame son héritage (alors que son père est encore en vie !), et s’en va. Ayant dilapidé ses biens, il plonge dans la misère.

QUESTION : Si Dieu savait par avance que ses créatures tomberaient dans le mal, pourquoi les a-t-il créées ? Et pourquoi les a-t-il laissé faire ?

Regardons le désir d’enfant chez les humains. Les parents, tout comme Dieu, savent très bien que leur enfant ne sera pas toujours gentil et obéissant. Et qu’ils en souffriront. Nulle créature n’est parfaite, surtout quand elle est dotée de liberté ! Mais les parents, tout comme Dieu, comptent bien que l’amour aura le dernier mot. Si nous, mortels et pécheurs, nous sommes capables de croire ainsi en l’amour victorieux, combien plus le Dieu-Amour lui-même dans sa toute-puissance !! « Si vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père des cieux en donnera-t-il de bonnes à ceux qui l’en prient. » (Mt 7,11) « Là où le péché s’est multiplié, la grâce a surabondé. » (Rom 5,20)

4. Et Dieu fut déçu et fâché, oui ! La Bible nous dit qu’il regretta sa création et la nettoya par le Déluge (Gen 6…). Cet épisode de l’histoire biblique nous dépeint Dieu d’une façon très primitive et anthropomorphique, tel un artiste déçu de son œuvre et qui l’anéantit.

On peut attribuer cet épisode du déluge à des mythes ou des traditions très anciennes qui proviennent des civilisations antiques. (On peut aussi soutenir qu’il y eut un vrai déluge, mais localisé dans une région ; voir ici)

Cependant, toute la Bible nous fait état de la « colère » de Dieu face au péché des hommes. Ce terme et ses manifestations dans la Bible peuvent nous choquer si nous les confondons avec nos colères hystériques ou despotiques. La « colère » de Dieu exprime combien il est « fâché » quand son immense amour est refusé, quand ses enfants se détournent de lui et détruisent sa création. Quel père, aimant son enfant, resterait indifférent quand celui-ci le rejette ou le trahit ? La « colère » de Dieu est donc proportionnelle, en creux, à son amour. Mais son amour est toujours premier, et finalement victorieux. (voir ici)

5. Dieu est PÈRE, il veut à tout prix sauver ses enfants et sa création.  Il se présenta lui-même comme « Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, riche en grâce et en fidélité » (Ex 34,6) « Je ne donnerai pas cours à l’ardeur de ma colère (…) car je suis Dieu et non point homme… » (Osée 11,9) Avec Noé et son arche, il inaugure une première alliance entre lui et sa création (Gen 9,8 s). Il ne veut pas détruire l’homme pécheur, mais le guérir et le sauver.

La parabole de l’enfant prodigue (Lc 15,20 s.) nous présente admirablement ce père qui accueille son enfant repentant en le couvrant de ses bienfaits. C’est ce qu’il fera en nous donnant son Fils Jésus. « Qui me voit, voit celui qui m’a envoyé » dit Jésus (Jn 12,45)Si Jésus a pleuré et souffert en sa vie (…jusqu’à la croix !), peut-on penser que son Père est resté insensible et indifférent devant l’humanité souffrante  ?

QUESTION :  LES MÉCHANTS, pourquoi Dieu ne les supprime-t-il pas tous ?

La parabole de l’ivraie dans le champ (Mt 13,38 s) nous donne la réponse. Un ennemi (le Malin) a semé de la mauvaise herbe (l’ivraie, le mal) dans le champ (la création). Le Maître (Dieu) ne permet cependant pas à ses serviteurs (les hommes) de l’arracher eux-mêmes, car ils risqueraient d’emporter en même temps la bonne graine. (De fait, lorsque les hommes veulent se faire justice eux-mêmes, celle-ci aboutit le plus souvent à des épurations dans le sang et les totalitarismes.)

Le Maître demande donc de patienter jusqu’à la récolte finale (le Jugement), celle qu’il opérera lui-même.

RETENONS : Le mal étant partout répandu, jusque dans notre propre cœur, seul Dieu peut en venir à bout, par sa grâce. De fait, sommes-nous si innocents que ça ? Avec des millions ou des milliards dans les mains, serions-nous plus honnêtes que les autres ?

« À cause de mon nom, je vais différer ma colère, pour mon honneur, je vais patienter avec toi, pour ne pas t’exterminer » (Isaïe 48, 9).

Mais sans doute que Dieu rétablirait beaucoup plus vite la paix et la justice en ce monde avec davantage de fidèles serviteurs. « La moisson est abondante, mais les ouvriers peu nombreux » (Mt 9, 37 ; Luc 10,2).

6. LE PLAN DU SALUT : Le Dieu-Père, sage et bienveillant, veut sauver ses enfants et les élever dans son amour, pour les introduire dans son Royaume. Cette Alliance se concrétisera avec Abraham et Israël. La Révélation biblique devient ainsi l’histoire de l’Éternel qui entre en dialogue avec ses fils pour les inviter à entrer librement dans son royaume, et vaincre le mal avec Lui.

7. C’est dans le CHRIST JÉSUS que le salut est finalement accompli, et en lui seul que le mal est définitivement vaincu. Dans sa torture et sur la croix, le Christ prit sur lui toutes les horreurs que peut souffrir l’humanité (Isaïe 53)Dieu souffrit vraiment le mal qui frappe l’humanité (« Qui m’a vu a vu le Père » Jn 14,9) Il l’engloutit dans l’offrande de sa vie et dans sa mort : « Le dernier ennemi qui sera détruit, c’est la mort, car il a tout mis sous ses pieds » (1 Cor 15,26). « En sa personne, il a tué la haine » (Éph 2,16). Sa résurrection manifesta sa totale victoire.

8. Mais Dieu ne nous sauve pas sans nous-mêmes ! C’est en nous que doit s’opérer sa victoire sur le mal. Et à travers nous dans le monde. Voilà le plus dur défi qu’il nous faut accepter ! Christ nous demande de le suivre en portant notre croix (Lc 14,27, Mt 11,28 etc.). Il nous demande de vivre son Évangile jusqu’à donner notre vie pour nos frères ; et de vouloir du bien à nos ennemis (voir Rom 12,14-21). « Ne te laisse pas vaincre par le mal ; sois vainqueur du mal par le bien » (Rom 12,21).

Ainsi configuré au Christ, il nous remplit de sa vie, de sa paix, de sa force, de sa victoire. C’est donc une « transfusion de vie » et une « nouvelle naissance » qu’il veut opérer en nous, surtout dans nos épreuves. Afin de nous purifier, nous transformer, nous élever, nous diviniser.

CONCLUSION

Ce combat spirituel contre le mal ne nous épargne pas les coups et les blessures jusqu’à la fin de notre vie, à travers les injustices, les accidents, la maladie, la mort. Mais c’est justement dans ce combat que le Seigneur opère notre sanctification et notre glorification. Nous avons ainsi à « enfanter » notre être véritable et éternel, ceci dans « les douleurs d’un enfantement » (Jn 16,21). — « Toute la création gémit en travail d’enfantement » (Rom 8,22).

 

Le scandale du mal peut nous révolter, et même nous désespérer. C’est là qu’il faut se rappeler que si Dieu est Créateur tout-puissant, il est aussi le Maître des temps et de l’Histoire (cf. Daniel 2,21 etc.). S’il nous a créés, c’est pour nous combler de son éternelle béatitude, quoiqu’il arrive. Cependant, ses pensées ne sont pas celles des hommes (Isaïe 55, 8). Il veut nous transformer, nous glorifier en Lui pour l’éternité, mais au prix d’une purification à travers nos épreuves, « comme l’or est purifié au feu du creuset » (1 Pi 1,7 ; Job 23,10 ; 1 Pi 4,12 etc.)

C’est là qu’il faut toujours se rappeler que « tout contribue au bien de ceux que Dieu aime » (Rom 8,28). Oui, le Tout-puissant veut et peut tout retourner en notre faveur. Il est la Résurrection, et veut donc nous ressusciter même et surtout dans nos ‘tombeaux’. Même (et surtout) un échec, ou la perte d’un être cher, peuvent être le lieu d’une résurrection en nous, dans une vie ‘augmentée’ et nouvelle en Christ.

Paul proclame ainsi son espérance : « J’estime que les souffrances du temps présent sont sans proportions avec la gloire qui doit être révélée en nous » (Rom 8,18). Toute épreuve vécue dans le Christ nous réserve un bien infiniment supérieur au poids de notre souffrance actuelle.

Certains y verront bien-entendu « la religion-opium du peuple ». Mais nous, les chrétiens, nous avons toutes les raisons d’y croire : l’authenticité et la sublimité du Christ, de l’Évangile, des miracles, des témoignages, de la sainteté qui ont surmonté et vaincu les épreuves… Même les NDE ou EMI (Expériences de mort imminente) nous font entrevoir cette vie ‘céleste’ infiniment supérieure à celle de ce bas monde.

Le combat contre le mal, le chrétien doit le mener d’abord en lui-même, mais ensuite dans le monde. Et cela selon ses talents (cf. Mt 25,14 s.), son devoir d’état, sa vocation… toujours avec la grâce divine. L’Éternel tout-puissant agit puissamment en ses enfants. (Il a bien multiplié les 5 pains et les 2 poissons d’un garçon pour nourrir la foule – Jn 6,9 etc.) Même si le Royaume de Dieu n’est pas de ce monde (Jn 18,36), Dieu veut l’instaurer à travers nous, en y répandant sa justice, sa paix, son amour… et sa résurrection ! C’est la mission de l’Église et de tous les chrétiens. « Le Royaume de Dieu est semblable à du levain qu’une femme a enfoui dans trois mesures de farine, jusqu’à ce que le tout ait levé. » (Luc 13,21).

 

 

 

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