Le GÉNIE du christianisme

Chateaubriand et son Génie du christianisme (1802) semblent trépassés depuis longtemps.

Beaucoup considèrent le christianisme et plus encore l’Église comme l’archétype du dogmatisme et de l’intolérance. Ce seraient les ‘Lumières’ du 18e s. qui nous auraient enfin libérés de cet obscurantisme.

Pourtant beaucoup d’historiens reconnaissent aujourd’hui que le christianisme fut plutôt le promoteur de la JUSTICE, de la FRATERNITÉ, ainsi que des PROGRÈS intellectuels, politiques, scientifiques et économiques les plus significatifs du dernier millénaire.

Même s’il ne fut pas toujours fidèle à ses valeurs fondatrices au long de ses 2000 ans d’histoire, ce n’est pas pour rien qu’il est dit « la religion de la sortie de la religion » (R. Brague).

 

 

Manifestement, ceux qui s’acharnent contre le christianisme ignorent tout ce qu’ils lui doivent, et combien celui-ci a révolutionné le monde.

Car il fut plus qu’une religion. Il fut la matrice d’une civilisation universelle.

…Et cela même si la chrétienté faillit trop souvent à ses idéaux. N’imputons pas à l’Évangile ni à l’ensemble de l’Eglise les turpitudes des hommes qui les trahirent et les trahissent encore aujourd’hui. Quelle institution ou quelle civilisation en est exempte ? Ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain. (Cf. Chap. 7 : Les « crimes » de l’Église)

« De nombreux apports du christianisme sont devenus aujourd’hui le patrimoine de l’humanité, sans qu’on garde pour autant la mémoire de leurs origines chrétiennes. Des idées spécifiquement chrétiennes se sont aujourd’hui tellement banalisées qu’elles sont partagées par des civilisations, des cultures parfois totalement éloignées du christianisme. (…) Ce qui complique les choses, c’est que la pratique chrétienne, notamment celle de l’Église, n’a pas toujours correspondu à ses valeurs. Il a fallu parfois plusieurs siècles pour que l’Église reconnaisse l’inspiration chrétienne dans des valeurs qu’elle a commencé par combattre. » (René Rémond, historien et académicien, auteur de Les grandes inventions du christianisme (Bayard Éditions). Rev. Panorama, janvier 2000).

>>  Les bienfaits du christianisme dans l’histoire et le monde s’imposent à tout esprit honnête qui n’est pas aveuglé par les idéologies antichrétiennes, ou par l’ethnocentrisme, ou par les falsifications ou les mythes de l’histoire. Nombre d’historiens et de philosophes le reconnaissent et le démontrent :

« Le christianisme est directement responsable des percées intellectuelles, politiques, scientifiques et économiques les plus significatives du dernier millénaire. (…) Les autres grandes religions ont mis l’accent sur le mystère, l’obéissance et l’introspection. Seul le christianisme s’est ouvert à la logique et à la pensée déductive comme moyens d’accès aux lumières, à la liberté et au progrès. » (source)

« Historiquement, le christianisme est la religion de la liberté intellectuelle, du progrès scientifique et technique, de la tolérance, du progrès économique et social, de la sécularisation de la société, de la laïcité. » (J.-L. Harouel, Le vrai génie du christianisme, p. 44)

« La foi chrétienne s’est affirmée comme portant la civilisation religieuse la plus universelle et la plus rationnelle. » (Benoît XVI, Libérer la liberté. Foi et politique, p. 132. Certes, c’est un pape qui le dit. Mais c’est aussi un philosophe des plus respectés aujourd’hui.)

Michel Onfray, philosophe athée le plus populaire en France : « Si Dieu n’est pas de mon monde, mon monde est celui qu’a rendu possible le Dieu des chrétiens. Quoi qu’en disent ceux qui pensent que la France commence avec la Déclaration des droits de l’homme, ce qui est aussi stupide que de croire que la Russie est née en octobre 1917, le christianisme a façonné une civilisation qui est la mienne et dont j’estime que je peux l’aimer et la défendre sans battre ma coulpe, sans avoir à demander pardon pour ses fautes, sans attendre une rédemption après confession, contrition et agenouillement. » (source, ou ici)

>>  De fait, le christianisme a répandu dans le monde les fondements de l’HUMANISME. Il n’en a certes pas le monopole, mais, dans la lumière de l’Évangile et ses Pères apostoliques, il a su recueillir, synthétiser et universaliser le meilleur des civilisations qu’il a côtoyées, de la Grèce, de Rome, de l’Égypte, de l’Orient, de l’Afrique…

Beaucoup d’hommes d’Église furent, au cours des siècles, les pionniers de l’humanisme et de la science comme des grandes inventions ayant édifié la civilisation occidentale. Mais ces figures marquantes sont trop souvent occultées par la propagande laïque, au service d’un mythe du progrès sans religion. (voir ici)

La source de cette fécondité historique et civilisationnelle est à chercher dans la Révélation chrétienne : celle du Dieu Sage, Père et Amour, voulant le progrès de sa Création selon la raison et l’amour, libre de toute fatalité ou de tout déterminisme. (voir ici)

Toute religion est à l’image de son Dieu. (voir ici)

 

Les grandes inventions du christianisme

>> L’ÉGALITÉ entre l’homme et la femme, et entre les hommes de toute condition : cela vient du christianisme. Ainsi que la conception de la PERSONNE humaine dans sa dignité. Ce qui engendra la pensée HUMANISTE avant la lettre. « Il n’y a plus ni juif ni grec (= racisme/tribalisme), ni esclave ni homme libre, ni l’homme et la femme (= la supériorité de l’un sur l’autre). Car tous, vous ne faites qu’un dans le Christ Jésus.» (Gal 3,28)

« On ne le souligne jamais assez ; le christianisme a très tôt postulé l’égalité absolue de l’homme et de la femme pour contracter mariage. » (R. Rémond)

« On l’accuse d’être l’initiateur de l’antiféminisme chrétien – alors qu’il a précisément fondé des communautés de disciples égaux où tous ceux que la société romaine séparait, esclaves et hommes libres, hommes et femmes, patriciennes et prostituées, juifs et grecs, se trouvent rassemblés sans discrimination. » (ici(cf. La FEMME discriminée ?)

La célèbre Épître à Diognète (fin 2e s.) démontre la nouveauté radicale du christianisme sur toutes les religions et mentalités connues de l’époque, avec sa sagesse et sa fraternité sans frontières.

>> La lutte pour la LIBERTÉ de conscience contre les tyrannies, et la dénonciation des totalitarismes (ceux de l’antiquité jusqu’à ceux du 21e s.). Lutte aussi contre les idéologies qui ravagent notre monde : communisme et nazisme hier, et aujourd’hui toutes les manipulations génétiques, l’IVG à tout-va, les théories sexualistes, le déconstructivisme de toutes les valeurs traditionnelles ou spirituelles, le wookisme, le Nouvel Ordre Mondial et tous ses avatars.

>> L’imposition du Droit et de la Justice aux puissants et aux pouvoirs de l’État. St Augustin et les Pères de l’Église fustigèrent les abus de pouvoir dans la société et l’État (voir ici, p.14). Ils imposèrent le droit d’être traité à part égale, quel que soit son sexe, sa religion, sa culture. L’Église a toujours agit ainsi durant les siècles…

Même l’inquisition catholique ! Contrairement à toutes les légendes noires,  celle-ci marqua un grand progrès dans le Droit de l’époque. Car elle fut soucieuse de justice et de tolérance, et fit progresser les bases du Droit moderne. (Voir notre article sur l’inquisition)

>> La FRATERNITÉ universelle et les œuvres sociales envers les hommes de toute condition, en commençant par les malades et les pauvres. D’où les plus anciennes léproseries, les « hôtels-Dieu » (hôpitaux), les « aumôneries » et les soupes populaires (invention vieille de 1 600 ans), la scolarisation gratuite des basses classes, les patronages, …jusqu’à l’engagement en faveur des bagnards ou des galériens (St Vincent de Paul) et des esclaves (P. Claver, etc.).

Les MONASTÈRES furent des centres d’éducation et les bâtisseurs d’une nouvelle société au cœur de la décadence de l’empire romain et des invasions barbares. Ils développèrent une nouvelle économie et d’innombrables techniques qui bâtirent le moyen-âge, posant les bases de l’industrie moderne, ainsi que l’économie de marché et la libre entreprise, donc du bon capitalisme. (ici)

« Les moines ont hérité des rabbins et des connaisseurs de la Bible la valeur du travail manuel. Sans cette culture du travail combinée avec la culture de l’esprit et du cœur, l’Europe n’existerait pas. » (source)

La DOCTRINE SOCIALE de l’Église et le catholicisme social se développèrent en faveur du monde ouvrier durant la Première révolution industrielle (fin 19e s.) (voir iciiciici).  Frédéric Ozanam en fut une figure de proue. 

L’Église n’a cessé de s’investir dans toutes les batailles contre l’injustice, l’ignorance, la misère et les souffrances humaines. Ignorer cela, c’est ignorer l’Église.

>> La RAISON au service de la vérité et de la foi. Dès les premiers siècles, la pensée chrétienne épousa la rationalité grecque et le droit romain. Le christianisme se présentait d’ailleurs comme une philosophie (St Justin). Il développa plus tard les ‘écoles’ et les universités, où l’on voulait croiser tous les savoirs de l’époque.

« De toutes les grandes religions, le catholicisme est celle qui a choisi le compagnonnage avec la philosophie grecque. (…) Il y a une confiance dans la rationalité qu’on ne trouve pas dans l’islam ni dans le judaïsme. Les grands théologiens sont des personnes qui s’emparent d’une philosophie pour penser le christianisme. » (Denis Moreau)

VOIR Pourquoi la science moderne est-elle née en Occident ?

+ aussi Pourquoi la science est née dans l’Occident chrétien ?

+ aussi Le triomphe de la raison – Pourquoi la réussite du modèle occidental est le fruit du christianisme

Cette culture de la rationalité permit finalement l’essor de la SCIENCE MODERNE. Car contrairement à la légende noire qui prétend que l’Église s’est opposée à la science, l’Église a toujours favorisé celle-ci.  (ici)

« La Science est un enfant de la pensée chrétienne. » (Herbert Butterfield, historien)

« Le christianisme apporta les croyances indispensables à la science, ainsi que le climat moral qui favorisa son développement.» (Peter Hodgson, scientifique)

Sur l’Affaire Galilée, voir L’Église contre la science ?

>> Le principe de LAÏCITÉ, qui distingue le temporel du spirituel. « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. » (Marc 12,17) « Mon royaume n’est pas de ce monde. » (Jn 18,36).

Certains diront que l’Église combattit ce principe de laïcité avant qu’il ne lui fut imposé à partir des Lumières (18e s.). Il est malheureusement vrai que cette distinction du temporel et du spirituel mit beaucoup de temps à s’imposer dans l’Église. De fait, les mentalités sont souvent lentes à évoluer dans le sens de l’Évangile.

Cependant, tous les principes sont bel et bien dans le christianisme :

« Le vrai génie du christianisme, c’est la révolution que fut la disjonction du politique et du religieux. Le royaume de Dieu est céleste et non terrestre ; Dieu et César sont séparés. Porteur de la séparation du spirituel et du temporel, le dualisme chrétien a procuré à l’individu une liberté sans équivalent dans les autres civilisations, en excluant la sacralisation d’un quelconque ordre terrestre. Il a été le principal ressort de la prodigieuse réussite scientifique, technique, économique et sociale de l’Occident. » (J.-L. Harouel, Le vrai génie du christianisme)

« …La laïcité serait beaucoup plus opératoire si on avait l’intelligence et le courage de dire que la laïcité est d’essence chrétienne et même catholique. Que l’on soit croyant ou non, que l’on soit pratiquant ou non, lorsqu’on adhère aux valeurs républicaines, on adhère aux valeurs issues du christianisme. » (J.-François Chemain, historien)

>> « Le christianisme est la religion de la sortie de la religion » (Marcel  Gauchet). Oui, il fut à l’origine de l’émancipation de tout absolutisme religieux ou idéologique. Car c’est bien lui qui permit la liberté de pensée et de religion, et la laïcité, qui octroya jusqu’au droit d’être non-croyant. (Et dans l’islam, qu’en est-il ?)

« Contrairement aux autres grandes religions, le christianisme n’a jamais imposé à l’État et à la société un droit révélé. (…) Il a au contraire renvoyé à la nature et à la raison comme vraie source du Droit. » (Pape Benoît XVI au Bundestag, sept. 2012)

>> Les DROITS DE L’HOMME. Tout ce qui précède suffit à comprendre comment le christianisme engendra les Droits de l’Homme. Certes, ceux-ci ne lui sont pas exclusifs. Ils ont une longue histoire. Mais le christianisme les élabora des siècles avant les Lumières et la Révolution française, qui les proclama en 1789. (Ces Lumières et cette Révolution qui enfantèrent néanmoins la Terreur et ses massacres, averc le génocide vendéen !)

Même la fameuse Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789  fut rédigée par un prélat catholique très en vue, Mgr Jérôme Champion de Cicé, docteur en théologie et député du clergé aux États généraux (1789), qui finira archevêque d’Aix-en-Provence en 1810. Cette Déclaration des droits de l’homme ne doit-elle rien au christianisme !? Vraiment ?

Comment nier que le christianisme fut la matrice du véritable humanisme par  son ADN et l’ensemble de ses valeurs qui développèrent l’humanité dans ce qu’elle a de meilleur (selon l’Éternel) !  Même si cela prit des siècles, avec tant de malheureuses dérives… NON, les valeurs dites ‘républicaines’ de liberté-égalité-fraternité-laïcité NE SONT PAS une invention des Lumières ; leurs racines sont CHRÉTIENNES.

« Le catholicisme a bâti notre civilisation » (p. William Slattery)

« Faut-il vraiment rappeler que le catholicisme n’est pas qu’une religion, mais la matrice d’une civilisation ? »  (Mathieu Bock-Coté

« Le christianisme a été et est un ascenseur social. » (Ch. Makarian)

 

L’humanisme renversé

« Le moment des Lumières est crucial. C’est le moment où le monde occidental se saisit de l’idéal émancipateur issu du christianisme, et le sépare de la transcendance. » (Chantal Delsol)

>> Dès lors, coupées de leur Source, « les ‘valeurs’ ou vertus chrétiennes deviennent folles » (Chesterton). Les sacro-saintes liberté – égalité – fraternité divorcent entre elles et finissent par s’auto-détruire.

– La liberté se veut sans entraves, jusqu’à nier celle des autres, ceux qui veulent conserver leur identité et leurs valeurs.

– L’égalité écrase toute différence, jusqu’à celle entre l’homme et la femme, pour imposer le ‘mariage pour tous’, et le totalitarisme LGBT.

– La fraternité multiculturaliste se coagule en communautarismes multi-conflictuels entre toutes les identités culturelles.

>> Bien des philosophes, des historiens, des penseurs ou des écrivains ont dénoncé cette descente aux enfers, tels Dostoïevski, Bernanos, Soljenitsyne. Même des auteurs aussi paradoxaux que Michel Houellebecq déplorent cette perte de l’humanité hors du… catholicisme. (Voir aussi Un crucifix pour les païens ?) Et même Michel Onfray (ici).

>> L’HUMANISME IDÉOLOGIQUE est source du désastre de l’Occident matérialiste coupé de ses racines évangéliques. Les ‘glorieuses Lumières’ furent plutôt des « sombres lumières », qui  engendrèrent un humanisme athée destructeur de l’humanité, et donc un antihumanisme – et finalement un antichristianisme. Ce dernier est multiculturel, qu’il soit athée ou religieux (avec l’islam).

La suite dans notre article : Le vrai choc des civilisations 

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