Le SEXE refoulé ?

L’Église catholique a un problème avec le sexe ! C’est ce que pense l’immense majorité des gens. Ceci pour bien des raisons, dont :

1. D’abord le stéréotype d’une Église culpabilisant le corps, le sexe, le plaisir sous des tonnes d’interdits et de péchés.

2. Les réticences de l’Église à l’évolution des mœurs et des lois : liberté sexuelle, cohabitation, avortement (IVG), contraception, préservatif, mariage-pour-tous…

3. Les abus sexuels dans le clergé, qui posent la question du célibat sacerdotal (ou du vœu de chasteté).

D’où les critiques : De quel droit l’Église prétend-elle contrôler ou moraliser la sexualité et l’amour ? Ses vieux célibataires qui la dirigent, de quel droit peuvent-ils en parler, et à partir de quelle expérience ?

 

Premières réponses

1) La RÉVÉLATION BIBLIQUE offre une vision très noble sur la sexualité et sa jouissance dans l’amour vrai (le mariage).

— « Dieu dit : Faisons l’homme à notre image et notre ressemblance. » (Gn 1,26) Pour la Révélation, notre « ADN » est céleste et non seulement animal (voir aussi). Une véritable « révolution copernicienne » met Dieu à l’origine et au cœur de notre identité sexuée. Oui, c’est aussi par notre sexualité que nous sommes à l’image de Dieu.  

Cette « image » est certes due à notre raison humaine et notre âme spirituelle. (Mais en cela, les anges, purs esprits, nous sont bien supérieurs.) Cependant, l’Homme est aussi et surtout à l’image de Dieu dans sa condition charnelle et sexuée, par laquelle il est appelé à l’union amoureuse et à la procréation (ce dont les anges sont incapables, et par où nous reflétons le mystère trinitaire.) Cf. Gen 1 et 2. Et cette union amoureuse est enfin un reflet de la sainte Trinité : Dieu n’est pas un célibataire solitaire, mais Relation d’amour. Si la femme est tirée de la « côte » d’Adam, c’est pour exprimer qu’elle est faite pour lui être ‘côte-à-côte’, formant un même cœur avec lui.

 

— « Dieu vit que cela était très bon » (Gn 1,31) «  Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Je vais lui faire une aide qui lui correspondra… Et tous deux deviendront une seule chair. » (Gn 2,18-24) La création charnelle et sexuée de l’Homme n’a rien de sale ni de mauvais. La vision biblique, puis l’Église, est aux antipodes des hérésies gnostiques, manichéennes et cathares qui rejetaient la chair dans le monde du mal.

« Fais ta joie de la femme de ta jeunesse (ta première et vraie épouse), biche amoureuse et gracieuse gazelle. Que ses seins te comblent toujours. Enivre-toi de ses charmes. » (Prov 5,18-19)

La Révélation chrétienne n’est pas coincée sur la sexualité, qui est constitutive de la dynamique et de la richesse de nos relations homme/femme. Le livre du Cantique des cantiques est tout entier consacré à célébrer cet amour dans un érotisme autant audacieux que pur et amoureux. Le Créateur nous a voulus homme et femme pour nous unir dans un amour festif, sensuel, tendre …et fidèle.

Mais la Révélation chrétienne est aussi réaliste : elle nous prévient des graves et même tragiques conséquences des dérives de la sexualité sous toutes ses formes – que l’on connaît trop bien.  Voir par ex. la tragique histoire de Amnon et Tamar en 2 Samuel 13. Voir aussi les exhortations des lettres apostoliques, toutes destinées à préserver notre liberté, notre bonheur, et l’amour véritable. C’est pourquoi la Bible précise les fondations et le cadre indispensable pour l’épanouissement de la sexualité dans toutes ses potentialités : le mariage (monogame et fidèle).

La Bible n’a rien d’un recueil de règles et de contraintes sur la sexualité. Au contraire, elle nous la révèle dans sa source divine, et comme canal de vie, d’amour, de joie, et de légitime plaisir.

 

2) LES PREMIERS CHRÉTIENS se démarquèrent naturellement du milieu païen, aux mœurs sexuelles débridées, qui n’avaient rien à désirer à celles d’aujourd’hui.

Remettons les choses dans leur contexte. Les chrétiens des premiers temps et les pères de l’Église voulurent sortir des désordres et des orgies sexuelles. Ils suivirent en cela les courants philosophiques platoniciens, pythagoriciens et stoïciens, qui promouvaient l’ascèse du corps pour libérer l’esprit. Rien de très original donc.

Malheureusement, diront certains, cela engendra un rigorisme moral jetant le soupçon sur la sexualité, qu’il fallait purger de ses désirs et réserver à la procréation (St Clément d’Alexandrie, St Jérôme, St Augustin…).

Malheureusement, oui : l’histoire de l’Église balança entre le puritanisme moral — et la reconnaissance de la sexualité voulue par le Créateur. Balance donc entre le primat de la vertu, la méfiance de la sexualité et de la femme (misogynie) — et la reconnaissance de la dignité de la femme, du caractère sacré du mariage, et de l’union charnelle.

(Au fait, cette alternance se retrouve dans toutes les civilisations depuis l’antiquité, même en Chine, en dehors de tout christianisme… !)

3) L’Église, à la suite de la Bible, a toujours reconnu l’amour, la sexualité, le mariage, et même le plaisir légitime contre tous les mouvements qui les vouaient au mal et au péché : gnose, manichéisme, catharisme (12e s.), jansénisme (18e s.)…

L’Église, dès les débuts du christianisme, opéra une RÉVOLUTION HUMANISTE en affirmant, le plus souvent à l’encontre des traditions païennes :

>>  Le caractère sacré du corps humain et sexué (« temple de l’Esprit Saint »).

>>  L’égalité entre la femme et l’homme.

>>  Le mariage d’amour, la liberté du choix et du consentement des époux, qui ne pouvaient être dictés ni par les familles, ni par des intérêts divers, sous peine d’invalidité du mariage.

>>  Que la femme devait être majeure pour le mariage.

>>  Que les mariages consanguins étaient totalement invalides.

(Au fait, où en est aujourd’hui l’islam sur tous ces points ?)

4) En instaurant le MARIAGE, l’Église et les théologiens médiévaux établirent une véritable PROTECTION en faveur des femmes et des enfants (même adultérins) contre la tromperie des hommes ou l’abandon qui les menaçaient.

Contrairement aux clichés anticléricaux, la théologie médiévale était profondément pragmatique et protectrice des plus menacés : les femmes et les enfants, selon la protection de la « veuve et de l’orphelin » prescrite dans la Bible. Par certains aspects, elle fut avant-gardiste.

Le féminisme de cette époque fut incontestable (Cf. La femme au temps des cathédrales, de Régine Pernoud). Voir notre article La femme discriminée ? 

Malheureusement, la Renaissance, avec ses mœurs et son retour au droit romain, furent loin de respecter ces justes lois. Les mariages de raison (ou d’intérêt) se multiplièrent en pleine contradiction avec les lois de l’Église, souvent au détriment de la femme.

6) Ce furent surtout le MORALISME et le PURITANISME janséniste du 18e s. (et le puritanisme anglais) qui marquèrent les esprits. Auparavant, l’Église était moins sévère que les pouvoirs temporels sur les questions de sexualité, notamment sur la masturbation et l’homosexualité.

La mentalité rigoriste et puritaine du 18e s. n’était pas propre au christianisme. C’était celle de la société bourgeoise de l’époque (souvent anticléricale… et hypocrite), qui se voulait plus vertueuse que la noblesse dépravée. Malheureusement l’Église lui a emboîté le pas.

Les gens qui ont pathologisé la sexualité, ce sont d’abord les médecins scientistes et athées, comme le docteur Tissot, le meilleur ami de Voltaire, qui commandait qu’on mette des camisoles de force aux adolescents et qui ont désigné la masturbation, le fameux « péché d’Onan », comme une maladie à soigner. (voir liens ci-contre)

6) Notre XXe s fut celui de la RÉVOLUTION SEXUELLE (1960-1970). Alfred Kinsey en fut un des principaux instigateurs à partir de théories et d’expériences sur des enfants qui relèvent aujourd’hui du ‘crime sexuel’. Le sexe, tous ses vices et toutes les obsessions – jusqu’à la pédophilie et au transgenre – furent promus sans entraves…

7) L’Église fut le phare dans la tempête. Elle offrit au monde la meilleure réponse à cette ‘déconstruction’ anthropologique et sociétale, toujours plus actuelle. Encore aujourd’hui. Elle présenta de la façon la plus positive et scientifique la sexualité humaine valorisée dans l’amour, le mariage, et la procréation, avec le concours des philosophes, des psychologues, des sexologues, et le témoignage des laïcs.

Le pape Jean-Paul II en fut le grand ténor (oui, un pape, et même un saint !), avec beaucoup d’autres personnalités, dont des prêtres qui furent des éducateurs et des pédagogues renommés, et qui marquèrent profondément nos générations. (On peut citer ici le p. Denis Sonet, d’heureuse mémoire pour les foules de jeunes, de fiancés et de couples qui furent formés par lui.)

C’est ainsi que l’Église (les églises) développa quantité de programmes éducatifs et de manuels en direction des jeunes et des familles — des programmes qui promeuvent une sexualité de valeur vécue dans l’amour authentique. Et introduisit l’éducation affective et sexuelle dans ses établissements scolaire, bien avant l’Éducation nationale.

La plupart des programmes séculiers et civils (comme ceux contre le Sida et les IST) se limitent trop souvent au « safe sex » (sexe sans risques ; ah bon ?) ou la « santé reproductive » (pas celle des lapins…). Ils restent tributaires d’une vision banalisée d’une sexualité libérée. D’où leur inefficacité, car ils s’attaquent aux effets (maladies) sans vraiment attaquer leurs causes (mœurs et désordres) 

Voir à ce sujet notre site Le sexe peut attendre

Voir aussi nos articles sur le PRÉSERVATIF et sur la CONTRACEPTION 

 

Ce qu’en dit la pensée philosophique :

« Certaines lois morales sembleront limiter le plaisir humain à court terme, mais elles empêcheront de grandes souffrances ou maximiseront le bonheur et l’épanouissement à long terme. (…) Les lois morales de Dieu ne sont pas simplement un ensemble de règles arbitraires données pour restreindre la liberté de l’humanité. Au contraire, elles sont comme des instructions d’utilisation conçues pour épargner aux gens la souffrance tout en maximisant l’épanouissement humain. Les recherches d’Unwin et d’Eberstadt fournissent une solide justification rationnelle à la conclusion que les lois morales de Dieu relatives à notre sexualité, bien qu’elles puissent nous empêcher d’éprouver un certain plaisir immédiat, nous protègent d’énormes souffrances à long terme tout en maximisant notre épanouissement à long terme. » (source)

 

CONCLUSIONS

 1/  La Bible et la pensée chrétienne nous offrent une lumière profondément positive et équilibrée sur l’amour et la sexualité, se gardant de tout idéalisme ou de toute sacralisation du sexe (jusque dans les orgies ou la prostitution sacrée), comme c’était le cas dans certaines civilisations païennes. Dans la Bible, le livre du Cantique des cantiques en est le plus beau témoin.

Le christianisme opéra une révolution humaniste et civilisationnelle dans les rapports homme/femme, avec le mariage d’amour (avant la procréation), avec la dignité de la femme, la liberté du choix du conjoint, et une vision belle et sacrée sur la sexualité voulue par le Créateur.

Cette vision judéo-chrétienne n’est pas réservée aux chrétiens : elle est profondément humaine et spirituelle, pleinement réaliste et enracinée dans le le cœur de l’Homme. Et elle est universelle, ouverte à toutes les cultures, dont elle peut accueillir les richesses propres.

2/ L’Église a mission de révéler et promouvoir le Plan de Dieu sur l’Homme. Si donc elle intervient tant sur la sexualité, c’est parce que, dans le plan de Dieu, la sexualité est constitutive de l’humanité, qu’elle est belle, mais aussi fragile 

 Elle est un appel à l’amour vrai, elle est porteuse des plus grandes aspirations à l’amour, à la vie, au plaisir…

mais elle est aussi blessée par le péché et dévoyée dans les plus cruelles illusions et les tragiques dégâts frappant tant de vies souvent innocentes.

— C’est pourquoi l’Église s’engage dans l’éducation à l’amour vrai et à une sexualité épanouie dans l’amour et le mariage.

3/ Malheureusement, notre Mère Églisecomme beaucoup de mères, fut parfois maladroite et moralisatrice. Elle voulut préserver ses enfants des pièges et de leurs mortelles séductions. C’était son devoir. Mais ses serviteurs étaient tributaires de leur époque. Ils ont pu manquer de psychologie et de pédagogie ; tous n’avaient pas le réalisme d’un St Thomas d’Aquin (13e s.), ou le délicieux charisme d’un St François de Sales (17e s., auteur des Amitiés spirituelles), ni la pédagogie d’aujourd’hui.

D’où des critiques bien compréhensibles. (Nous y reviendrons ci-dessous.)

Sur ses 2 millénaires, les imperfections de l’Église sont inévitables. Mais attention aussi aux anachronismes, qui nous font juger le lointain passé dans les lumières du présent et de nos progrès.

4/ Le grand défi de l’Église (des églises) aujourd’hui est de promouvoir l’inestimable trésor du message divin sur le sexe et l’amourDonc d’humaniser et d’évangéliser l’amour et la sexualité en ces temps où les idéologies s’acharnent à banaliser toutes les dérives sexuelles, jusqu’à déconstruire l’identité et l’union de l’homme et de la femme par tous les moyens possibles : les lois pro-IVG, la pornographie, l’idéologie LGBT, la théorie du genre et du trans-genre (tout cela imposé aux plus jeunes enfants), les manipulations génétiques (dont l’eugénisme, la PMA et la GPA) ; et bien sûr toutes les politiques contre la famille traditionnelle.

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