L’ÉGLISE catholique : la grande prostituée

Certains courants évangéliques littéralistes prétendent que l’Église catholique serait « Babylone, la grande prostituée » d’après le livre de l’Apocalypse, qui nous montre la grande Prostituée assise sur 7 collines, qui serait la ville de Rome (Apoc 14,8 & 17,5).

Mais s’agit-il ici de l’Église catholique elle-même, ou de Rome, la ville païenne qui a persécuté les chrétiens ?

Dans la Bible…

>> Le mot grec utilisé dans le nouveau testament pour dire « colline » est « horos » ou montagne, qu’on retrouve 65 fois dans l’ensemble des textes néo-testamentaires. La « prostituée » de l’apocalypse se tient sur 7 montagnes, le terme montagne étant un symbole biblique connu qui désigne les royaumes (Ps 68, Dan 2,35, Amos 4,1, etc.). Ce qui suggère que la Prostituée règne sur tous les royaumes de la terre. Désigner ainsi la ‘grande Prostituée’ est clairement une critique des pouvoirs temporels souvent inhumains et cruels. (Voir ici)

>> Dans Apoc. 17,10, il est écrit que les 7 têtes correspondent à 7 rois. On ne peut y voir le Vatican, qui n’existait pas au 1er siècle, quand fut rédigée l’Apocalypse, et même plus tard. 

De plus, beaucoup de villes dans le monde sont situées sur 7 collines : Paris, Nîmes, Besançon, St Etienne, Washington, New York, Cincinnati, Lynchburg, Lisbonne, Bamberg, Bath, Yaoundé (!), Antananarivo, Pretoria, Alger, Istanbul, etc. Et même Jérusalem, dont un des monts est nommé « le mont de la corruption » ou « de la perdition ». Cette cité est également comparée aux terres du péché et de l’idolâtrie :  « La grande cité appelée Sodome et Égypte, là même où leur Seigneur a été crucifié… » (Apoc 11,7). Isaïe 1,21 semble bien évoquer Jérusalem en ces termes : « La ville fidèle… remplie d’équité et de justice… où habitent maintenant des meurtriers. » (source).

La grande prostituée peut donc aussi être Jérusalemqui, avant Rome, persécuta les prophètes de l’ancienne alliance, et les saints (le Christ, Étienne et les premiers martyrs…) ; elle aussi avec sa coupe en or, sa pourpre, etc. (source)  (Oui, la pourpre n’est pas propre à l’Église…)

>> Admettons que la ville aux 7 collines soit bien Rome. Mais il s’agit alors de la Rome païenne qui persécuta les premiers chrétiens sous l’empereur Néron (et sa pourpre impériale). Rien à voir avec le Vatican ! (L’Apocalypse fut écrite fin du premier siècle, suite aux premières persécutions des chrétiens.)

>> Aujourd’hui, « BABYLONE » correspond aux systèmes pervers de ce monde, qui oppriment l’homme et s’opposent à l’Évangile. Ainsi le Mondialisme ou le Nouvel Ordre Mondial qui veulent dominer le monde avec leur nouveau paganisme libertaire-relativiste et antichrétien. Quant à l’Antichrist, celui-ci désigne d’abord « celui qui nie que Jésus-Christ est le Fils de Dieu » (1 Jn 2,22-23 et 4,3 ; 2 Jn v.7-11). Où voyez-vous le pape là-dedans ?

L’analyse biblique ne soutient pas l’identification de « Babylone la grande » ou de la « grande Prostituée » avec le VATICAN ou l’ÉGLISE CATHOLIQUE. Ce sont là des allégations issues d’une lecture orientée et anticléricale de la Bible. Ces expressions désignent, dans l’Apocalypse, soit l’Israël rejetant le Christ, soit le paganisme et les empereurs qui opprimaient les peuples et persécutaient les chrétiens. Jusqu’à nos jours.

Une communauté de pécheurs 

>> Il est vrai que les scandales anciens et actuels dans l’Église semblent donner raison aux opinions qui diabolisent l’Église. Mais celles-ci ne retiennent que ses faiblesses et ses erreurs historiques. Sa véritable identité, ses trésors de sainteté, sa fidélité et l’héroïsme de sa foi, tout cela est systématiquement occulté et ignoré.

>> Reconnaissons que l’Église est composée de pécheurs, et que les brebis galeuses n’y manquent pas. Nous devons reconnaître les erreurs, les fautes, et même les trahisons de tant de prélats tout au long de son histoire. La trahison de Judas est toujours actuelle dans l’Église !

Nous examinons cela dans Les « crimes » de l’Église.

>> L’Église reconnaît ce qui est vrai dans ses erreurs et ses fautes, et en a déjà amplement demandé pardon, notamment par la voix des papes Paul VI et Jean-Paul II. (Quelle autre institution dans l’histoire a, comme l’Église, autant demandé pardon pour ses méfaits ?)

>> L’Église est comme une tapisserie : si vous la regardez par derrière, elle est pleine de nœuds (les fautes). Alors que vue de face, sa figure et son identité apparaissent en premier. La véritable Église ne peut se comprendre que dans ses œuvres évangéliques et sa sainteté, qui définissent son essence et sa finalité. Ses défauts sont sa part d’ombre et de péché due à ses membres défaillants. « Rien de nouveau sous le soleil » (Eccl 1,9)

>> Regardons l’Église dans la lumière de la Bible. Elle n’est ni meilleure ni pire que les premières communautés chrétiennes. Elle n’est pas une communauté de purs, mais de pécheurs appelés à la conversion (Mt 9,12-13; Lc 18,9-14). Les premières communautés chrétiennes le démontent amplement avec leurs faiblesses et leurs « scandales inévitables » (Lc 17,1) :

> Les divisions (1 Cor 1,10-16 ; 11,17-22…).

> La débauche (1 Cor 5 et 6, etc.).

> L’ignorance ou les égarements de la foi (Héb 5,11-14 ; Gal 1,6 et 3,1-5…).

> L’irrespect dans le culte (1 Cor 11,28-30…).

> Les faiblesses et les fautes de certains pasteurs ou fidèles (2 Tim 1,15 ; 4,10 ; 4,16 ; Voir  encore   Apoc 2 et 3).

> Des ministres cherchant leurs propres intérêts (Phil 1,15-18 ; 2,21; 2 Cor 2,17…).

> Des schismes locaux (3 Jn 1,9-11 ; 1 Cor 1,10-16).

> Des faux docteurs (Apoc 20,29-30 ; 2 Jn 1,10 ; 2 Cor 11,13-15).

> Et surtout le traître Judas, l’un des douze intimes de Jésus. Le Seigneur, qui le connaissait bien (Jn 6,70-71), l’a pourtant toléré à ses côtés jusqu’au bout. 

>> Doit-on alors s’étonner des Judas dans l’Église d’hier et d’aujourd’hui ? Celle-ci a souvent été trahie par ses fils. Plus le troupeau est vaste, plus nombreuses sont les brebis galeuses. Et plus les loups attaquent. « Dès maintenant, beaucoup d’antichrists sont là… C’est de chez nous qu’ils sont sortis, mais ils n’étaient pas des nôtres. » (1 Jn 2,18-19)

>> Satan, l’ennemi de Dieu, donc de l’Églisesème la perversion et la division dans le champ de Dieu. La parabole de l’ivraie dans le champ (Mt 13,24…) l’illustre au mieux, et nous invite à patienter jusqu’au jugement de tout ce qui défigure et trahit l’œuvre de Dieu. 

>> Tous les grands empires millénaires ont disparu suite à leur décadence ou leur orgueil.

Si l’Église était de ceux-ci, elle aurait dû disparaître depuis longtemps. Non pas en raison des persécutions, mais bien plutôt par la faute de ses membres.

À Napoléon, qui avait dit au cardinal Consalvi à propos du concordat : « Je détruirai votre Église », celui-ci avait répondu : « Mais vous ne le pourrez pas ; même nous, les hommes d’Église, nous n’y sommes pas parvenus. »

>> Malgré ses innombrables turpitudes depuis 2000 ans, l’Église est toujours là ! Si elle semble s’effondrer dans certaines crises (comme aujourd’hui en Occident), elle renaît et se développe formidablement là où on ne l’attendait pas. (En Asie par exemple, mais en Occident aussi.)

De fait, l’Eglise a survécu à toutes ses crises, comparables à celles que nous connaissons aujourd’hui. Ce fut d’abord avec l’arianisme (4e s, sur la divinité du Christ), puis avec les papes scandaleux et la défaillance du clergé, puis la réforme protestante, puis les Lumières, etc.

Le grand Chesterton le dit admirablement : « Mort plusieurs fois, le christianisme est à chaque fois ressuscité ; car son Dieu sait comment l’on sort du tombeau. » 

Tel le Phénix, le christianisme renaît de ses cendres. Sauf que l’Église n’est pas un mythe comme le Phénix : son histoire est bien réelle, et elle est fondée sur Celui qui est la Résurrection.

>> Ses misères doivent la maintenir dans une continuelle repentance et humilité. Mais sa croissance et son réveil spirituel viennent toujours de ses saints et de ses martyrs. Tous animés du St Esprit.

L’Église sainte

Ne cherchons pas l’Église catholique dans les cérémonies ou les vieilles apparences de triomphalisme et de puissance. Non. L’Église catholique véritable reste un peuple petit et pauvre (Sophonie 3,12). Ses plus beaux fruits proviennent de ses enfants humbles et serviteurs, des laïcs et des pasteurs vivant les béatitudes évangéliques. Et à la multitude des saints et des grandes figures de l’Église, à ces géants de la foi, de la charité, de la vérité, de la justice.

> Connaissez-vous les grands apôtres et réformateurs de l’Église dans la vérité et la charité ?  Tels les St Louis (roi de France) – St François d’Assise – St Vincent de Paul – St Jean Bosco (patron des éducateurs) – Frédéric Ozanam et Léon Harmel, bâtisseurs du catholicisme social – Ste Thérèse de Lisieux – Les écrivains G. Bernanos et L. Bloy – Mère Teresa – L’abbé Pierre – Le père Damien et Raoul Follereau (apôtres des lépreux) – Emiliano Tardif (bien connu pour son ministère d’évangélisation et de guérison)

> Connaissez-vous les foules de MARTYRS d’hier et d’aujourd’hui, leur héroïsme et leur témoignage évangélique ?

> Et tous ces innombrables et humbles serviteurs de Dieu et de leurs frères humains, qui, comme le sel ou le levain dans la pâte (Mt 5,13 et 13,33) ont transformé ce monde par leur bonté, leur service, leurs innovations en faveur de leurs frères humains.

> IGNORER ces grands témoins de la vérité évangélique, de la charité, de la justice au cours des siècles, c’est ignorer l’Église.

> IGNORER le dévouement des catholiques, leurs œuvres sociales et leurs inventions pour le développement de l’humanité, c’est ignorer l’Église.

> IGNORER les grandes réformes spirituelles de l’Église et le renouveau charismatique catholique (issu du pentecôtisme américain), ignorer les merveilles de l’Esprit Saint dans l’Église, c’est ignorer l’Église véritable.

> IGNORER la foule des martyrs catholiques qui ont offert leur vie pour répandre le royaume de Dieu, c’est ignorer l’Église.

> IGNORER les premières œuvres sociales de l’Église : léproseries, écoles populaires, hôpitaux, orphelinats, écoles publiques, lutte contre l’esclavage (eh oui !) et contre l’injustice ou le sous-développement, et les universités… tout cela est né de l’Église catholique, qui fut toujours en première ligne sur le front de l’humanisme, de la fraternité, de la misère, de l’injustice, du sous-développement. 

Quand on connaît les fruits de l’Église catholique, les saints et les serviteurs qu’elle a engendrés, comment peut-on l’accuser d’être « la grande Prostituée » de l’Apocalypse !?   MAIS LES CONNAÎT-ON ?

« On reconnaît l’arbre à ses fruits. Un mauvais arbre ne peut produire de bons fruits. » (Lc 6,43-45).

La plupart des attaques contre l’Église reposent sur la falsification de son histoire et l’ignorance de sa sainteté. Ou sur des interprétations littérales et tordues de la Bible.

Voir les articles et les liens proposés ci-contre, notamment ici et ici.

Vous y trouverez quantité de réponses parfaitement bibliques.

L’Église est une grande dame qui a 2000 ans d’histoiremais aussi de sainteté au service de l’humanité. Ceux qui la critiquent en permanence ignorent tout de sa sainteté et de ses trésors. Ils ne comptabilisent que les ratés et les trahisons, largement amplifiés par une réécriture de l’histoire qui forge les ‘légendes noires’ de l’Eglise, elles-mêmes amplifiées dans les médias et le cinéma.

« Le passé de l’Église n’a jamais été tout blanc ou tout noir (…) Car très souvent la grandeur de l’institution a sublimé les défauts de ses membres, et la sainteté des uns a dépassé le péché des autres. Si l’Eglise a compté des prélats qui se sont complu dans le luxe, elle a aussi suscité des milliers de clercs à tous les niveaux – papes, cardinaux, évêques ou simples prêtres – qui n’ont jamais cessé de vivre selon les principes de la pauvreté évangélique, et de s’occuper des plus démunis. Si certains membres du clergé, lors des deux vagues de colonisation européenne du 16e et du 19e siècle n’ont guère pris de gants pour convertir les indigènes, tant d’autres ont fait tout leur possible, jusqu’au sacrifice de leur vie, pour prendre soin des populations autochtones. » (Jean Sévillia)

Sur ces points, voir Les « crimes » de l’Église.

CONCLUSION

L’Église pouvait-elle s’égarer pendant des siècles ? Jésus n’avait-il pas déclaré à Pierre : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les puissances du mal ne l’emporteront pas sur elle » (Mt 16,18).

Jésus aurait-il pu trahir sa promesse en laissant s’égarer son Église ? Certes, l’Église catholique a connu bien des tempêtes, qu’elle a toujours traversées, et elle en connaîtra encore, avec des persécutions, et pire encore, des trahisons. Mais l’Esprit Saint est toujours là pour la conduire et la réformer.

Tous les trésors de l’Église depuis 2000 ans viendraient-ils de SATAN ? Satan peut-il se contredire et être divisé contre lui-même ? Rappelons-nous comment Jésus fut accusé de travailler avec Béelzébul. Accusation qui n’est autre, nous dit-il, que le péché contre l’Esprit Saint : le refus obstiné et aveugle de reconnaître les œuvres de Dieu ! (cf. Mt 12,24 s.)

Reprenons la question de Jésus aux pharisiens : « Le baptême de Jean (le Baptiste), d’où venait-il ? Du ciel ou des hommes ? (Mt 12,25). Et transposons-la à l’Église (catholique) : « L’Église : vient-elle des hommes ou du Ciel ? Du Diable ou de Dieu ? »

À vous de répondre avec ce que nous venons d’exposer. (Et les articles ci-joints)

La permanence de l’Église et de son Magistère

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