Peut-on baptiser les BÉBÉS ?

Le baptême ne sauve que s’il devient « l’engagement d’une bonne conscience envers Dieu » (1 Pi 3,21).

Il ne semble donc pas convenir pour les tout jeunes enfants.

Pourtant, le baptême des bébés est répandu depuis le 2e siècle du christianisme, avec des déclarations explicites des pères de l’Église (ici). On le trouve aujourd’hui dans l’Eglise catholique et des églises protestantes. Luther et Calvin, les pères du protestantisme, ont conservé cette tradition chrétienne (ici). Mais d’autres églises refusent ce baptême, dont les églises baptistes, pentecôtistes, et adventistes.

De plus, pendant des siècles, la nécessité du baptême s’imposait pour entrer au Paradis. « Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé » (Mc 16,16) On pensait donc que les bébés morts sans baptême n’avaient alors droit qu’à un paradis au rabais : les limbes. (Doctrine supprimée depuis chez les catholiques.) Vu la grande mortalité infantile jusqu’au siècle dernier, on comprend mieux le baptême des nourrissons pour leur ouvrir le Paradis.

1.  La Bible ne tranche pas la question, car elle n’évoque pas explicitement le baptême des enfants. Le débat sur ce problème est donc compréhensible, surtout avec ceux qui ne reconnaissent que ce qui est ‘biblique’. Cependant, le baptême des enfants peut être supposé dans les cas où l’on baptisait quelqu’un « et toute sa famille avec lui » (cf. Act 16,15 et 33 ; 1 Cor 1,16)ce qui peut inclure les enfants.

2.  Jésus a dit : « Laissez venir à moi les petits enfants » (Mt 19,14). Cette parole n’est pas sans portée théologique. Car l’expérience prouve que le petit enfant peut vivre très tôt de la grâce divine (dès 3-4 ans). L’Écriture le suggère d’ailleurs : « Ta majesté est chantée par des lèvres d’enfants, de tout-petits » (Ps 8,3 – repris par Jésus en Mt 21,16). « La Sagesse délie la langue des tout-petits » (Sagesse 10,21). Dieu n’attend pas que les enfants aient l’âge de raison (selon nos critères humains) pour leur conférer sa grâce.

3.  L’on constate que des bébés peuvent être pris en sorcellerie par des rites dès le ventre maternel. Si Satan peut avoir une telle emprise sur les bébés et les tout jeunes enfants, pourquoi Dieu ne pourrait-il pas exercer lui aussi son œuvre de salut par le baptême ? Par exemple, on a pu voir un enfant de deux ans, ne marchant pas jusqu’alors, se mettre à marcher sitôt après avoir été baptisé (Bertoua, Cameroun). On peut alors comprendre comment, dès le 2e siècle de l’Église, les chrétiens ont jugé bon de plonger leurs enfants dans la vie divine par le baptême, dont le rite comprenait un exorcisme pour délivrer l’enfant des influences maléfiques du démon. (Exorcisme maintenant supprimé dans le rituel catholique – ce qu’on peut regretter.)

4.  De plus, ceci s’inscrit pleinement dans la ligne de notre prédestination à la vie éternelle. « En Lui [Jésus-Christ], Dieu nous a élus avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints et irréprochables devant lui, nous ayant prédestinés dans son amour à être ses enfants d’adoption…» (Eph 1,4; Rom 8,28-30 ; 2 Thess 2,13). Le baptême est d’abord l’élection et l’adoption filiale de Dieu qui appelle et prédestine l’homme à la vie divine.

Il n’y a de salut que dans le Christ. Conscients de cela, les parents chrétiens sont invités à consacrer leur enfant à Dieu par le baptême. Ils lui donnent ainsi ce qu’il y a de meilleur pour lui, ce pour quoi il est né : la vie divine. C’est un choix pour le bien de l’enfant, de la même manière qu’on le fait vacciner, qu’on l’envoie à l’école, ou qu’on l’éduque dans la foi.

5.  Bien évidemment, le baptême n’est pas une prison ni une contrainte imposée à l’enfant. Et il n’a rien de magique. Dieu nous a créés pour la vie et la liberté en Lui. Le baptême n’est que la semence de la vie divine. Ce sera à l’enfant d’y répondre plus tard par son engagement personnel. En ce sens, le baptême implique toujours un engagement personnel de l’homme face à Dieu. C’est ainsi que le baptême demeure « l’engagement d’une bonne conscience envers Dieu » (1 Pi 3,21) et une exigence de sainteté (Rom 6).

Mais si le baptisé ne porte pas de fruits spirituels, il perdra sa vie divine. Les paraboles du semeur (Mt 13,3…23), du figuier stérile (Lc 13,6 ss), de la vigne (Jn 15,1-8), et enfin des talents (Mt 25,14-30) nous mettent en garde là-dessus. Ainsi que l’avertissement de Jacques sur la foi sans les œuvres (Jc 2,14 ss)

En présentant leur enfant au baptême, les parents doivent s’engager à éveiller et éduquer celui-ci dans sa vie chrétienne dès son plus jeune âge. Cela doit commencer par leur propre engagement de vie chrétienne.

Cette responsabilité est, hélas, trop souvent négligée. Trop souvent le baptême des bébés se réduit à un rite traditionnel, sans engagement sérieux de la part des parents. Nos listes paroissiales s’allongent, le peuple des baptisés grossit. Mais où sont ensuite les vrais enfants de Dieu ? L’important n’est pas que le peuple de Dieu grossisse en nombre, mais qu’il grandisse en sainteté ! (Peu importe qu’il grossisse : même les cimetières grossissent !)

REMARQUE : Il est faux de penser que ne pas baptiser le petit enfant, c’est le laisser sans orientation spirituelle ni religion. Les églises qui refusent le baptême des bébés assurent plus que jamais l’éducation chrétienne de l’enfant, afin de le faire grandir dans la foi jusqu’au baptême. De plus, il existe une bénédiction des bébés dans des églises protestantes.

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