Chrétiens : ce qui nous sépare

L’Église catholique et les églises issues de la Réforme s’opposent sur de nombreux articles ou pratiques de foi et de prière.

Les églises issues de la Réforme accusent le catholicisme d’avoir perverti la foi biblique dans d’innombrables dogmes et pratiques « idolâtriques », avec le culte marial, les statues… jusqu’à la papauté.

Nous avons répondu à beaucoup de ces accusations (voir L’Église contre la Bible ?), en démontrant que la foi catholique s’enracine pleinement dans la Bible. — Mais pas seulement la Bible…

Le PROTESTANTISME

>> Celui-ci se fonde sur la radicalité de ses 5 piliers, les 5 « Sola » (Voir ici)

— Sola Scriptura (« l’Écriture seule »)

— Sola Fide (« la foi seule »)

— Sola gratia (« la grâce seule »)

— Solus Christus (« le Christ seul »)

— Soli Deo gloria (« À Dieu seul la gloire »)

Le « Sola Scriptura » (la Bible seule)  est la première source des malentendus entre nos églises. Pour Luther, Calvin et les autres réformateurs, les croyances et traditions ne doivent s’appuyer que sur les seules Écritures saintesLa Bible devient la seule autorité ou la seule norme de la foi. D’après ce postulat, toute la Révélation est contenue dans les saintes Écritures seules. Conséquence : ce qui n’est pas biblique ne fait pas partie de la foi et de la Révélation ; donc n’est pas chrétien, mais viendrait des « traditions humaines ».

Le CATHOLICISME

>> Celui-ci reconnaît la centralité de la Parole biblique dans la foi et la pensée chrétienne. Le problème vient du « Sola Scriptura », de cette prétendue exclusivité des saintes Écritures en dehors de l’Église.

Pourtant, selon la Bible elle-même, c’est l’ÉGLISE qui est « la colonne et l’appui de la vérité » (1 Tim 3,15 ; c’est Paul qui le dit, donc la Bible !) En effet, le Christ n’a rien écrit ni construit. Il a confié ça à son Église. 

Avez-vous déjà vu une bible se promener toute seule ? En général, elle est portée par un croyant. Pour les catholiques, elle est portée par l’Église.

De fait, l’annonce de l’Évangile fut réalisée par et dans l’Église du premier siècle, avant même que soit constitué le Nouveau TestamentC’est aussi l’Église apostolique qui transmit les « traditions », ou « enseignements », ou « instructions » (selon diverses traductions) dans les premières communautés chrétiennes (cf. 1 Cor 11,2 ; 2 Thess 2,15 & 3,6) Peut-on réduire ces traditions ou enseignements à de simples « traditions humaines » ? Si Paul demande de les conserver, cela ne serait-il plus valable aujourd’hui ?

La Bible nous est donc transmise et expliquée PAR L’ÉGLISE GUIDÉE PAR L’ESPRIT SAINT. L’apôtre Pierre prévient que certaines lettres de Paul peuvent être difficiles à interpréter, ce qui suppose une instance ayant autorité pour le faire ; et ceci vaut pour toute la Bible (cf. 2 P 3, 15-16). (Voir Comment les catholiques interprètent-ils la Bible ?

>> N’oublions pas que c’est aussi l’Église qui a défini le canon ou le corpus des saintes Écritures, à savoir les livres reconnus comme révélés et comme Parole de Dieu. Et c’est encore l’Église des premiers siècles qui a posé les bases de la foi chrétienne, en particuliers sur la divinité du Christ et la Trinité. Difficile de nier que c’est bien l’Église qui est « la colonne et l’appui de la vérité » (1 Tim 3,15). Ceci est parfaitement historique et biblique. L’Église catholique ne dit pas autre chose :

« La Sainte Écriture est la Parole de Dieu en tant que, sous l’inspiration de l’Esprit divin, elle est consignée par écrit. Quant à la sainte Tradition, elle porte la Parole de Dieu, confiée par le Christ Seigneur et par l’Esprit Saint aux Apôtres, et la transmet intégralement à leurs successeurs, pour que, illuminés par l’Esprit de vérité, en la prêchant, ils la gardent, l’exposent et la répandent avec fidélité : il en résulte que l’Église ne tire pas de la seule Écriture Sainte sa certitude sur tous les points de la Révélation. » (Constitution Dei Verbum du Concile Vatican II (1965)chap. 9 ; voir Cat. Égl. cathol. n° 81)

>> Des bibles DIFFÉRENTES ?

OUI, d’après le nombre des livres bibliques :

>> Les bibles protestantes n’en comptent que 66.

>> Les bibles catholiques, elles, en comptent 73.

Mais NON, ces différences ne modifient pas l’essentiel de notre foi. Nous abordons cette question dans l’article suivant : Des BIBLES différentes ?

POUR LE CATHOLICISME, il y a un total renversement de perspective. D’après la Bible elle-même, c’est bien l’Église qui est « colonne et appui de la vérité », donc qui porte la Révélation et la Bible (1 Tim 3,15). La Bible n’est pas la seule norme de la foi, mais seulement la Bible dans l’Église – ou même plutôt l’Église avec la Bible. D’ailleurs, c’est toujours l’Église qui est première et devance la Bible, car c’est dans l’Église et par elle que les écrits de la Nouvelle Alliance furent rédigés, transmis au monde, et interprétés dans leurs vérités essentielles.

Le rapport entre l’Écriture sainte et l’Église est donc INVERSE dans le protestantisme et dans le catholicisme.

>> Dans le PROTESTANTISME et sa suite :  La Bible SEULE !

>> Dans le CATHOLICISME : La Bible, oui, mais DANS l’Église. Donc interprétée selon la grande Tradition ecclésiale. Ce qui fait que l’Église reste toujours première et porteuse de la Vérité et de la Parole de Dieu.

QUELQUES  CONSTATS

>> Rien dans la bible ne justifie « la Bible seule ». Pas même 2 Tim 3,16-17 : « Toute Écriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, réfuter, redresser, former à la justice…» Car qui certifie les Écritures inspirées de Dieu ? Ou de quelles Écritures parle Paul ? (Car pour Paul, les écritures inspirées étaient, à son époque, seulement celles de l’Ancien Testament ; le Nouveau Testament n’était pas encore écrit.)  Et qui peut en assurer la bonne interprétation ? Qui, sinon l’Église !?

Les écrits apostoliques affirment clairement le primat de la tradition ecclésiale avec le « beau dépôt » de la foi (2 Tim 1,14), ce qui suppose que toute la Révélation chrétienne n’a pas été consignée dans les saintes Écritures.

Voir les liens ci-joints, et notre article

La TRADITION catholique : humaine et faillible ?

>> Le postulat « la Bible est la Parole de Dieu » repose sur… l’Église. Car la Bible elle-même ne peut se déclarer véridique ou inspirée sans tomber dans une grossière pétition de principe. Personne ne peut témoigner pour lui-même. (Voir les liens ci-joints, ou ici et ici.) Seule la communauté chrétienne ou l’Église des origines a pu le faire.

>> Le « Sola Scriptura » inaugure une lecture de ‘libre interprétation’ de la Bible par tout croyant. Certes, le monde de la Réforme comprit vite que la Bible ne peut se lire n’importe comment : des règles de bon sens s’imposent, avec la contextualisation des textes et leur analyse historico-critique. Calvin lui-même reconnaissait l’interprétation des pères des premiers siècles – qui était déjà la Tradition. N’empêche que le « Sola Scriptura » ouvrit la porte aux lectures les plus fondamentalistes et aberrantes de la Bible dans sa libre interprétation.

>> La lecture protestante reste fermée dans son prisme. Quantité de passages bibliques subissent une interprétation anticatholique qu’il est facile de démonter avec la Bible elle-même. Car la tradition protestante efface ou ignore bien des passages bibliques qui donnent raison à la grande Tradition catholique. (Voir tous nos articles dans L’Église contre la Bible ? ou cette vidéo). La tradition catholique est d’une grande richesse et d’une grande cohérence biblique, et la théologie catholique est beaucoup plus biblique qu’on ne le croit. (Les théologiens du moyen-âge connaissaient parfaitement la Bible, et débattaient ouvertement dessus.) La lecture catholique de la Bible a toujours eu le souci de rester fidèle à la grande tradition patristique des origines (c’est le sens même de sa Tradition). Et les innombrables miracles qui fleurirent dans le catholicisme ne firent que confirmer cette continuité. (Voir Ces MIRACLES qui défient la science)

>> Entre PROTESTANTISME et CATHOLICISME, deux visions de Dieu et du Salut. Elles ne sont heureusement pas antinomiques, mais malheureusement semblent s’opposer, et sont sources d’incompréhensions et de conflits.

Face aux 5 thèses/piliers du protestantisme, l’alternative est claire : 

— Protest. : La Bible seule   ><  Cathol. : La Bible avec et dans l’Église (voir ici).

— Protest. : Le salut par la foi seule   ><   Cathol. : Le salut dans la foi avec ses fruits, les œuvres (d’abord la charité — question maintenant résolue entre nos églises).

— Protest. : La grâce seule  ><  Cathol. : La grâce dans la nature humaine (vertus, intelligence…)

— Protest. : Le Christ seul   ><  Cathol. : …le Christ avec ses membres, les saints.

— Protest. : À Dieu seul la gloire  ><   Cathol. : Dieu partage sa gloire et la répand dans ses bien-aimés.

En résumé, disons que le protestantisme insiste sur l’EXCLUSIVITÉ de l’Écriture sainte, du Christ, de la grâce. — Alors que le catholicisme insiste sur l’ALLIANCE entre Dieu et l’humanité, donc avec l’Église.

Voir Le Dieu catholique et le Dieu protestant.

Cette analyse au titre provocateur compare la conception protestante

du Dieu ‘jaloux’ et unique — avec la conception catholique du Dieu-communion

qui partage sa gloire.

>> Les incompréhensions mutuelles demeurent, hélas ! En particulier sur les éternels procès en idolâtrie et en diableries ‘papistes’ (voir L’Église contre la Bible ?) Mais nous devons travailler à surmonter nos divisions, dans la lumière et l’amour de l’Esprit Saint. (Exemple ici) Car notre UNITÉ chrétienne est voulue par notre Seigneur, et aura la victoire finale.

 

 

 

Contactez nous